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Un coup monté:post

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UN

Assis sur un banc de Stockholm, les deux hommes semblent apprécier ce bel après-midi du 2 septembre 2009. Le premier, de taille moyenne, barbe blond-roux, lunettes de soleil, est vêtu d’une veste et d’une chemise à col ouvert. L’autre, plus trapu, les cheveux noirs et le teint mat, porte une veste militaire kaki. Ils contemplent la marina, à l’extrémité nord de Skeppsholmen, une petite île située là où l’eau douce en provenance des terres rencontre la mer Baltique.
Reliée au continent par un simple pont, Skeppsholmen offre un site idéal pour qui veut mener des affaires loin des oreilles indiscrètes. L’île abrite le Musée d’art moderne de Stockholm, qui draine suffisamment de touristes pour qu’un groupe de conspirateurs puisse se fondre dans la foule sans être dérangé. Le parc d’attractions situé sur l’autre rive, au sud-est, est si proche que les deux complices peuvent distinguer les bras levés des gens qui dévalent les montagnes russes.

Pink Panthers:post

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À un moment donné, le garde du corps me dit que le nombre réel de Panthers ne dépassait pas soixante personnes, sans indiquer de quelle source il tenait des chiffres aussi précis. “Ils ne se connaissent pas, mais les choses sont organisées à un niveau supérieur”, affirma-t-il. Je remarquai que tout le monde, dans le bar, semblait traiter mon interlocuteur comme quelqu’un d’important. Je lui demandai si Predrag Vujosevic, du braquage Graff à Londres, dirigeait le réseau. Il me répondit que le réseau n’avait pas de leader, tout en ajoutant qu’il y avait bien eu quelqu’un pour monter l’organisation après la guerre. Je m’excusai un instant pour soulager ma vessie, mise à rude épreuve, précisai-je, par tous ces verres ingurgités.

À l’intérieur des toilettes, je griffonnai quelques notes sur un bout de papier. Quand je revins m’asseoir, l’ambiance avait changé. Le rendez-vous avec le boss avait été annulé. Si je souhaitais en savoir plus, m’indiqua le garde du corps, il faudrait que j’aille en Serbie.

Le Diable à 37 000 pieds:post

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Quelles étaient les probabilités pour que cela arrive ? L’accident avait tellement de chances de ne pas se produire, l’enchaînement de circonstances qui y menait pouvait s’interrompre de tant de façons différentes qu’un enquêteur me confia plus tard que le Diable lui-même semblait y avoir joué un rôle.

Chronique d’un meurtre annoncé:post

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Rodrigo Rosenberg savait qu’il était sur le point de mourir. Ce n’était pas qu’il se trouvait au seuil de la vieillesse – il n’avait que quarante-huit ans. Ce n’était pas non plus qu’on lui avait trouvé une maladie mortelle : cet inconditionnel du vélo jouissait d’une santé parfaite. En fait, Rosenberg, avocat d’affaires extrêmement respecté au Guatemala, était certain qu’on allait l’assassiner.

La Blonde dans la valise:post

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Depuis le début, c’était une sale affaire.

Une femme de vingt-et-un ans aux longues mèches blondes, portant des traces de coups, avait été retrouvée dans un terrain vague, face contre terre, nue, à la périphérie ouest de Miami, là où les rues soignées de la banlieue la plus lointaine jouxtent les hautes herbes et la boue noire des Everglades. Il était tôt en ce petit matin de l’hiver 2005. L’employé d’une entreprise locale d’électricité conduisait à travers les parkings vides bordant un cul-de-sac lorsqu’il vit le corps de la jeune fille.

Et, à sa grande surprise, elle était en vie. Elle était encore inconsciente quand la police l’héliporta à l’hôpital Jackson Memorial. Quand elle se réveilla dans le secteur des traumatisés, elle ne parvenait pas à se rappeler grand-chose de ce qui lui était arrivé. Son corps, lui, racontait une terrible histoire. Elle avait été violée, sauvagement battue, et laissée pour morte. Elle souffrait d’un sérieux traumatisme crânien, ayant encaissé des coups qui avaient secoué son cerveau dans sa boîte crânienne. Du sperme avait été retrouvé dans son vagin. Les os autour de son œil droit étaient brisés. Elle était terrifiée et hagarde. Difficile à comprendre également. Elle parlait anglais en utilisant la syntaxe et la grammaire de son ukrainien natal, oubliant des pronoms, inversant la structure des phrases. Et l’une des premières choses dont elle s’enquit à son réveil fut de parler à son avocat. Pour le moins inhabituel.

Opération Dubaï:post

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Lundi 18 janvier 2010, au matin

A 6 h 45, les premiers membres d’un commando d’élite israélien atterrissent à l’aéroport international de Dubaï et se déploient dans toute la ville en attendant de recevoir de nouvelles instructions. Au cours des dix-neuf heures qui vont suivre, le reste de l’équipe – au moins vingt-sept personnes – va débarquer d’avions en provenance de Zurich, Rome, Paris et Francfort. Ils sont venus assassiner un homme dénommé Mahmoud al-Mabhouh, un chef du Hamas connu du Mossad – les services de renseignements israéliens – sous le nom de code “Ecran Plasma”.

La plupart des agents présents appartiennent à une division ultrasecrète du Mossad baptisée Césarée, une organisation autonome chargée de missions éminemment dangereuses et décisives : assassinats, sabotages, infiltrations d’installations de haute sécurité. Appelés “combattants” de Césarée, ses membres constituent l’élite du Mossad. Rarement en contact avec les autres agents, ils se tiennent à l’écart de la division centrale située au nord de Tel-Aviv et sont soumis à un entraînement intensif dans des lieux auxquels personne d’autre n’a accès. Interdiction leur est faite d’utiliser leur vrai nom, y compris dans le cadre de conversations privées, et leur famille – à l’exception de leur épouse – et leurs amis les plus proches ne sont pas au courant de leur activité.

Comandante Yankee:post

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Pendant un instant, il disparut dans la nuit de La Havane. Il était comme invisible, comme il l’avait été avant d’arriver à Cuba, au cœur de la révolution. Puis la lumière des projecteurs l’illumina violemment, lui, William Alexander Morgan, le grand comandante yankee. Il se tenait debout, le dos contre un mur grêlé de balles, dans une douve vide entourant La Cabaña – une forteresse du XVIIIe siècle transformée en prison et située sur une falaise surplombant le port de La Havane. Des taches de sang étaient en train de sécher au sol, là où on venait de tuer un ami à lui, quelques instants plus tôt. Morgan, alors âgé de trente-deux ans, cligna des yeux sous la lumière. Il faisait face à un peloton d’exécution.

L’hippo d’Amérique:post

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A ussi grotesque et improbable puisse-t-elle sembler, sachez que cette histoire est aussi vraie que sérieuse. La plupart des faits qui y sont rapportés sont irréfutables. Certains détails ont toutefois résisté à toutes mes tentatives de vérification et demeurent empreints de mystère. J’aimerais expliquer pourquoi.

Ceci est une histoire d’hippopotames, comme annoncé, mais c’est aussi l’histoire de deux hommes à la fois complexes et exceptionnels. Deux espions. Deux ennemis mortels. Chacun rêvait de tuer l’autre et s’attendait à en tirer une grande satisfaction. Des circonstances tout à fait farfelues, dans lesquelles les hippopotames occupent un rôle central, firent de ces rivaux des alliés et, plus encore, des amis. Mais, au bout du compte, leur opposition reprit le dessus.

La ballade de Johnny France:post

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Vous avez probablement entendu parler de cette affaire, celle d’une jeune femme de Bozeman, dans le Montana, qui fut kidnappée par des Hommes des Montagnes. Elle s’appelait Kari Swenson. C’était une biathlète de niveau international. En juillet dernier, pendant son entraînement, alors qu’elle courait sur un sentier près de la station de Big Sky, deux hommes jaillirent des bois et s’emparèrent d’elle avant de l’enchaîner à un arbre. C’étaient des Hommes des Montagnes, un père et son fils. Et ils étaient à la recherche d’une femme.

Ils n’auraient pas pu tomber plus mal. Non pas que Kari ne soit pas belle, suffisamment forte, ou capable de leur apprendre quelques bonnes manières. Elle avait toutes ces qualités, et bien plus encore : vingt-trois ans, diplômée de la Montana State University, skieuse et tireuse chevronnée, très sympathique la plupart du temps. Bref, on aurait pu dire de Kari Swenson qu’elle était une vraie beauté de Bozeman, la plus jolie fleur du New West. Mais le New West et ces Hommes des Montagnes n’avaient pas grand-chose en commun. Avaient-ils l’intention de la courtiser avec l’écureuil qu’ils cuisinèrent pour elle ?