Cuba

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24 heures dans la vie d’une femme cubaine:post

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Après trois ans d’absence, je suis retournée à La Havane. La ville n’est pas très différente physiquement. Pourtant, quelque chose a changé. Des petits cafés privés prolifèrent à l’entrée des maisons, des vendeurs ambulants traînent des carrioles chargées de légumes, des écriteaux “À vendre” ont fait leur apparition sur les maisons et les voitures, des gens à bicyclette vendent des gâteaux à la criée.

Dans les années 1990, après la chute du bloc socialiste, Cuba est entré dans une profonde crise économique que le pays n’a pas encore réussi à surmonter. D’un côté, le blocus imposé par les États-Unis depuis 1962 – qui est encore en vigueur – sévissait, de l’autre, ne restait que le vide. Malgré un discours officiel inchangé (“le socialisme ou la mort”), ce furent des années pendant lesquelles la société et ses valeurs commencèrent à se modifier. Le gouvernement autorisa le travail à son propre compte, ouvrit le pays au tourisme et aux investissements étrangers, entreprit d’assouplir la politique migratoire – même si aujourd’hui encore cette réforme tant espérée se fait attendre –, et enfin ouvrit la voie à une double économie : celle du dollar et celle de la monnaie nationale.

Guantánamo autrement:post

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Costa Rica, Salvador, Jamaïca, Filipinas… Où suis-je ? Suivant les indications affichées sur les vingt-cinq kilomètres d’un bitume parcouru sous un cagnard tropical, je serais donc passé en moins d’une heure d’Amérique centrale en Asie du sud-est, avec escales diverses en mer Caraïbes.

Explication ! Au sortir du hameau El Escribo, l’autopista, parsemée de panneaux annonçant ces destinations lointaines mais trompeuses, mène à Guantánamo. Plus de doute. Un dazibao immense surplombe la route : Guantánamo Nuestro Partido A la Vanguardia En La Batalla De Ideas. On entre dans l’Histoire pour très rapidement plonger dans le fantasme. Le décor laisse présager un territoire tabou. Route déserte, montagnes austères au loin et une intime sensation de pénétrer dans un domaine interdit. Du moins étroitement surveillé. L’intuition se confirme. Sur ce rare ruban de bitume sans ornières, l’excès de vitesse est fermement déconseillé. La limitation du compteur est implicitement imposée par cet écriteau au ton comminatoire : Punto de control. Et cela a peu à voir avec la sécurité routière.

Comandante Yankee:post

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Pendant un instant, il disparut dans la nuit de La Havane. Il était comme invisible, comme il l’avait été avant d’arriver à Cuba, au cœur de la révolution. Puis la lumière des projecteurs l’illumina violemment, lui, William Alexander Morgan, le grand comandante yankee. Il se tenait debout, le dos contre un mur grêlé de balles, dans une douve vide entourant La Cabaña – une forteresse du XVIIIe siècle transformée en prison et située sur une falaise surplombant le port de La Havane. Des taches de sang étaient en train de sécher au sol, là où on venait de tuer un ami à lui, quelques instants plus tôt. Morgan, alors âgé de trente-deux ans, cligna des yeux sous la lumière. Il faisait face à un peloton d’exécution.