Author: stmy_import

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Dans la peau d’une bunny:post

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Les premières décennies du vingtième siècle auront été le berceau des Follies Girls, puis des Wampas baby stars, ces jeunes et jolies starlettes promises à un brillant avenir. Les années soixante, elles, auront vu l’éclosion des Playboy Bunny Girls, décrites par leurs employeurs comme “les filles les plus enviées d’Amérique”.

Mais que se passe-t-il vraiment dans cet univers “trépidant et sophistiqué”? Pour le découvrir, SHOW a choisi une auteure mêlant les qualités discrètes d’une brillante étudiante, membre du prestigieux club Phi Beta Kappa, diplômée avec mention du Smith College, à celles, plus visibles, d’une ex-danseuse, ancienne reine de beauté. Elle a débuté son enquête quelques semaines plus tôt, armée d’un gros agenda et d’une petite annonce.

Un coup monté:post

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UN

Assis sur un banc de Stockholm, les deux hommes semblent apprécier ce bel après-midi du 2 septembre 2009. Le premier, de taille moyenne, barbe blond-roux, lunettes de soleil, est vêtu d’une veste et d’une chemise à col ouvert. L’autre, plus trapu, les cheveux noirs et le teint mat, porte une veste militaire kaki. Ils contemplent la marina, à l’extrémité nord de Skeppsholmen, une petite île située là où l’eau douce en provenance des terres rencontre la mer Baltique.
Reliée au continent par un simple pont, Skeppsholmen offre un site idéal pour qui veut mener des affaires loin des oreilles indiscrètes. L’île abrite le Musée d’art moderne de Stockholm, qui draine suffisamment de touristes pour qu’un groupe de conspirateurs puisse se fondre dans la foule sans être dérangé. Le parc d’attractions situé sur l’autre rive, au sud-est, est si proche que les deux complices peuvent distinguer les bras levés des gens qui dévalent les montagnes russes.

Abitibi Canyon:post

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Quand mon petit-cousin Richard m’a dit qu’il venait arrêter Rémi pour complicité dans l’attentat au barrage d’Abitibi, j’ai tellement ri qu’il en a piqué un fard. Richard, c’est notre sergent de la police tribale : le costaud qu’on envoie quand une soirée trop arrosée tourne mal ; quand il y a du grabuge entre un mari violent et les frangins de l’épouse. S’il y a besoin d’un gros bras, Richard s’y colle : par chez nous, on le surnomme le Pacificateur. Mais qu’il vienne pour Rémi, l’un de son sang, ça n’avait pas de sens. Rémi est l’aîné des enfants-grenouilles : il ne sait même pas ce que c’est qu’un barrage, sans parler de le faire sauter.

Le Montréal de Leonard Cohen:post

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Le “Hallelujah” de Leonard Cohen – cet hymne aux âmes trop sensuelles pour vieillir, trop laïques pour louer Dieu et trop déroutées pour rire de la Foi, entre dans sa trentième année. Cohen, qui vient lui-même de fêter son quatre-vingtième printemps, a grandi dans le quartier juif de Montréal durant les vingt années qui ont suivi la Deuxième Guerre mondiale, et, une demi-génération plus tard, ceux d’entre nous qui ont suivi sa carrière ne peuvent entendre cette chanson sans repenser à cette ville, à cette période qui mérite le nom d’époque. La dévotion – habilement empreinte de sacrilège – de “Hallelujah” et d’autres chansons et poèmes de Cohen est le reflet d’une ville où se heurtaient et se liaient des communautés religieuses, dont, en particulier, les Français catholiques et les Juifs de la première génération.

Le romancier doit-il s’engager:post

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J’ai lu récemment sous une plume tout à fait honorable qu’il allait falloir réévaluer Faulkner. La raison : il n’était, “après tout, qu’un petit Blanc du Mississippi”. On laissait entendre que les lecteurs ne pouvaient désormais plus se fier à lui, à sa connaissance de son sujet – l’oeuvre de sa vie ! – : ses romans, ses nouvelles, toutes et tous enracinés dans ce qu’il appelait “my country” : “mon pays”. Pendant la majeure partie de sa vie, Faulkner s’est vu nier toute réelle analyse critique de son oeuvre, impartialement ignoré au Nord comme au Sud. En quarante ans, seule une poignée de journalistes littéraires a été capable d’évaluer son travail à sa juste valeur. Se souvenir de tout cela nous amènerait peut-être à sourire de ce journaliste comme d’un écolier tout frais émoulu.

Un certain sens du ridicule:post

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Pour Mason Hoffenberg et Joe Dughi

L’été de 1967, notre si bel été de l’Expo, je prenais un verre avec un vieil ami très cher à l’aéroport de Montréal en attendant mon vol pour Londres, quand l’ami en question m’annonça de but en blanc :

“Tu sais, j’aurai bientôt quarante ans.”

À l’époque, je n’en avais que trente-six et j’en étais fort aise.

“Merde ! ajouta-t-il en frappant son verre sur la table, indigné. C’est complètement ridicule ! Moi, quarante ans ? Mon père a quarante ans !”

Ouvrière dans une fabrique de boîtes:post

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L’autre matin, je commençai la journée à l’aube, non pas avec les hédonistes, mais aux côtés de ceux qui gagnent leur vie à la sueur de leur front. Je me mêlai, comme si j’étais l’une des leurs, au flot des hommes pressés et des filles de tous âges et de tous styles. Afin de démêler le vrai du faux dans ce que racontent les ouvrières sur leurs salaires et leurs conditions de travail déplorables, j’avais en effet décidé de me faire embaucher dans un atelier. Je me mis donc à la recherche d’un emploi ne nécessitant pas la moindre expérience, ni référence ou quoi que ce soit d’autre pouvant jouer en ma faveur.

Les Manifestants:post

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Ce samedi-là, aux alentours de vingt-trois heures, le médecin s’arrêta à nouveau à son cabinet. Il avait depuis peu pris l’habitude de se rendre chaque semaine au club, pour une partie de bridge. Mais ce soir, elle avait été interrompue pour la troisième fois, et ce n’est que maintenant qu’il rentrait de sa visite à Miss Marcia Pope. Grabataire, refusant tout traitement médical et en particulier les tranquillisants, elle avait une attaque tous les matins avant le petit-déjeuner et bizarrement souvent le samedi soir. Mais elle n’avait pas perdu la mémoire. Elle pouvait se distraire et réciter Shakespeare à profusion, l’“Arma virumque cano”, entre autres classiques. Plus Miss Marcia Pope récitait avec ardeur, plus son vieux visage prenait un air innocent. Ses traits rajeunissaient.

— Elle s’endormira normalement maintenant, je pense, avait-il dit à sa dame decompagnie, qui n’avait pas bougé de son fauteuil à bascule.

Trois hivers à Fort McMoney:post

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Les sables bitumineux sont le deuxième gisement mondial après celui de l’Arabie Saoudite, plus important que ceux de l’Irak, de l’Iran ou de la Russie […] En deux mots, c’est une entreprise de proportions épiques, égale à la construction des pyramides ou de la Grande Muraille de Chine, mais en plus grand.

Stephen Harper, Premier ministre du Canada, juillet 2006

Nous étions arrivés au bout du bout du monde par la seule route possible, la 63, l’“autoroute de la mort” comme on l’appelle ici, tant elle est fréquentée, étroite, et glissante ; belle aussi, perdue et perdante, et qui s’enfonce à plus de 400 kilomètres de la dernière ville digne de ce nom : Edmonton, Alberta.

Foutue guerre:post

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Holden Caulfield est l’éternel compagnon de l’auteur durant la plus grande partie de sa vie adulte. Les pages qu’il habite et dont Salinger écrit la première à environ vingt-cinq ans, juste avant qu’il ne prenne le bateau vers l’Europe en tant que sergent, lui sont si précieuses qu’il les garde sur lui pendant toute la Seconde Guerre mondiale. Ces feuillets de L’ Attrape-cœurs prennent d’assaut les plages de Normandie, défilent dans les rues de Paris, assistent en maints endroits à la mort d’innombrables soldats et traversent les camps de concentration de l’Allemagne nazie.

Ambitions:post

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Par une journée d’hiver, peu de temps avant que Jim évoque pour la première fois la chirurgie esthétique, elle reçut un coup de téléphone de la fille d’Antonia, qui vivait à Brooklyn. La fille et sa petite amie donnaient une fête pour la dernière soirée d’Hannukah, et elles espéraient que Betsy et Jim viendraient. C’était là une étrange invitation, étant donné la haine notoire de Jim pour les fêtes juives et la haine tout aussi notoire d’Antonia pour Jim – Betsy soupçonna que la fille, en les invitant, voulait en fait exaspérer Antonia –, mais il n’y avait pas grand danger que Jim dise “oui”. C’est en tout cas ce qu’elle pensait. Ce soir-là, quand il rentra du travail, il éclata de rire avant de dire : “Une fête d’Hannukah lesbienne ? Hé hé hé ! Vaut mieux pas que j’en parle à Hagstrom, sinon il va vouloir venir avec nous pour voir à quoi ça ressemble.”

Books versus cigarettes:post

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Cette idée qu’acheter des livres, ou même les lire, est un passe-temps dispendieux, au-dessus des moyens du quidam, est si répandue qu’elle mérite un examen détaillé.

Anna la Puttana:post

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Enfant, je n’arrivais pas à imaginer l’état d’âme d’un homme amoureux d’une femme-loutre. Comment se sentait-on face à un amour sans espoir, non en raison d’un refus, mais par la force même de la nature, parce que les choses étaient agencées de telle sorte que personne ne pouvait les changer ? J’éprouvais face à cette femme un sentiment comparable : attiré par elle, mais incapable de l’aimer.

Le Diable à 37 000 pieds:post

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Quelles étaient les probabilités pour que cela arrive ? L’accident avait tellement de chances de ne pas se produire, l’enchaînement de circonstances qui y menait pouvait s’interrompre de tant de façons différentes qu’un enquêteur me confia plus tard que le Diable lui-même semblait y avoir joué un rôle.

Fordlândia:post

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Luna Park né du désir le plus fou d’un magnat de l’automobile mégalomane, Fordlândia doit concilier pragmatisme et idéalisme. Un si séduisant programme ne pouvait sans doute prendre place ailleurs qu’au beau milieu de nulle part. D’un coup de baguette magique, Ford transpose une Amérique de carte postale au cœur de l’enfer vert. La vie est belle de Capra cohabite avec l’anaconda, le jaguar et la malaria.

Pour un real de plus:post

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La forêt vierge est rasée – au bulldozer, de surcroît –, ce qui appauvrit les sols. Le gmelina arborea, espèce asiatique à croissance rapide et au rendement élevé de cellulose, ne s’adapte pas bien au sol amazonien. L’arbre ne tarde pas à être remplacé par l’eucalyptus et le pin, qui retirent tout avantage compétitif à Jari. La culture du riz – “aux engrais chimiques, au lieu de mettre à profit la richesse des plaines alluviales de l’Amazone”, critique encore le journaliste – est un échec total. Aux portes du complexe, la catastrophe sociale menace : les migrants démunis, attirés par la promesse d’un Eldorado, ne cessent d’affluer et s’entassent, dans des conditions déplorables, dans la favela dite du Beiradão.

There’s no business:post

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Manny Hyman était dans le showbusiness depuis l’âge de seize ans. Quarante ans de galère et même pas de quoi s’offrir une cuvette pour gerber dedans. ll opérait dans l’un des salons du Sunset Hotel. Le petit salon. Lui, Manny, incarnait “Le Comique”. Vegas avait changé. L’argent était parti vers Atlantic City, où tout était plus frais, plus neuf. Et puis, il y avait cette foutue récession. “La récession, leur disait Manny, c’est quand votre femme se tire avec le premier venu. La dépression, c’est quand le premier venu vous la ramène. Quelqu’un m’a ramené la mienne. Il y a sûrement un truc marrant là-dedans, si je trouve quoi, je vous le fais savoir…”

Manny était dans la loge, à téter une pinte de vodka. Il était assis devant la glace… cheveux battant en retraite… front luisant, nez piquant vers le bas, dévié sur la gauche… les yeux sombres et tristes…

Merde, pensa-t-il, je suppose que c’est dur pour tout le monde. On ralentit mais il faut continuer d’avancer. C’est ça ou alors se coucher sur les rails.

On frappa à la porte.

Pink Panthers:post

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À un moment donné, le garde du corps me dit que le nombre réel de Panthers ne dépassait pas soixante personnes, sans indiquer de quelle source il tenait des chiffres aussi précis. “Ils ne se connaissent pas, mais les choses sont organisées à un niveau supérieur”, affirma-t-il. Je remarquai que tout le monde, dans le bar, semblait traiter mon interlocuteur comme quelqu’un d’important. Je lui demandai si Predrag Vujosevic, du braquage Graff à Londres, dirigeait le réseau. Il me répondit que le réseau n’avait pas de leader, tout en ajoutant qu’il y avait bien eu quelqu’un pour monter l’organisation après la guerre. Je m’excusai un instant pour soulager ma vessie, mise à rude épreuve, précisai-je, par tous ces verres ingurgités.

À l’intérieur des toilettes, je griffonnai quelques notes sur un bout de papier. Quand je revins m’asseoir, l’ambiance avait changé. Le rendez-vous avec le boss avait été annulé. Si je souhaitais en savoir plus, m’indiqua le garde du corps, il faudrait que j’aille en Serbie.

Séisme à Tokyo:post

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Rétrospectivement, la plus grande ironie de l’événement est que la dernière chose à laquelle tout le monde a pensé le 1er septembre est l’argent. Tout au long de ce premier jour, des hommes politiques occidentaux exprimèrent leur sympathie. Tout le monde s’accordait à dire que les tremblements de terre sont une mauvaise chose. Néanmoins, tout le monde ne s’accordait pas sur la ligne de conduite à tenir dans le cas où ils se produisent dans un pays riche comme le Japon. Gorbatchev présenta ses condoléances, l’idée de l’Union soviétique fournissant une aide économique au Japon étant tout simplement trop absurde. Les États-Unis envoyèrent par bateau des provisions d’urgence de riz, le premier riz américain jamais autorisé sur le sol japonais. Comme les ports et les routes n’existaient plus, le riz fut transporté en hélicoptère depuis les bateaux.

Un vague sentiment d’illégalité:post

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Je sillonne l’Afghanistan depuis près de dix ans, seule, me déplaçant par mes propres moyens – le bus, le taxi commun, à pied – pour “regarder la guerre”. Après ma rude expérience tchétchène lorsque, en 1999-2000, je suis restée neuf mois d’affilée côté civil, infiltrée au cœur de la population, le séisme planétaire provoqué par le 11 septembre m’a incitée à réitérer l’expérience en Irak et en Afghanistan, pays déchirés par les deux guerres les plus marquantes de la première décennie du nouveau siècle.

Bravant interdits et lignes officielles – devenus, au fil des années, de plus en plus restrictifs, et incompatibles avec ma pratique du journalisme indépendant –, il m’avait fallu de la persévérance pour continuer à me rendre inlassablement sur les mêmes terrains désertés par la foule médiatique et absents de facto des radars de l’ opinion publique mondiale.

Les Psy des généraux:post

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L’ incident montre à quel point le commandement américain en Afghanistan cherche désespérément à convaincre ses dirigeants de soutenir une guerre de moins en moins populaire. […] “Tout le monde dans les Psyops, l’intelligence, et la communauté des services de renseignement, sait que l’on ne doit pas prendre d’Américains pour cible, raconte un vétéran d’une autre unité de Psyops qui a mené des opérations en Irak et en Afghanistan. C’est la première chose qu’on nous enseigne.”

Le Krach de la Kabul Bank:post

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En Occident, l’analyse la plus courante est que si Karzaï tolère la corruption de son entourage, il n’est lui-même pas corrompu. On dit qu’il la tolère parce qu’il croit ne pas avoir d’autre choix : alors que la plupart des Afghans exècrent leurs dirigeants qui usurpent de l’argent, ce sont ces mêmes dirigeants qui votent pour maintenir Karzaï au pouvoir. “Ces gars-là sont les vrais électeurs de Karzaï”, me dit ma source à l’Otan.

Les Bibliothécaires de Dieu:post

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Derrière les murs d’un brun grisâtre, dans des bunkers souterrains dont la température et l’humidité sont contrôlées, se trouvent les autres raisons pour lesquelles la Vat ne ressemble à aucune autre bibliothèque : ces collections qui font d’elle le plus grand trésor de textes fondateurs de la tradition occidentale.

La Famélique:post

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Au début, bien longtemps avant les femmes, il avait vécu dans une chambre. Il n’escomptait aucune amélioration de son sort. Il était fait pour vivre là : une fenêtre, une douche, une plaque de cuisson, un petit frigo calé dans les toilettes, et un placard bricolé pour ranger ses maigres possessions. Il existe une sorte de monotonie qui s’apparente à la méditation. Un matin, alors qu’il buvait son café, les yeux dans le vide, la lampe murale prit feu. Mauvaise installation électrique, songea-t-il calmement, et il éteignit sa cigarette. Il regarda les flammes grandir, l’abat-jour commencer à se gondoler puis se racornir. Le souvenir s’arrêtait là.

Les Grimpeurs:post

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Nombreux sont les coureurs qui parlent de Jock comme du père de l’équipe, tandis que lui les désigne comme ses enfants. Le Rwanda est évidemment mieux connu pour son passé fratricide, mais Jock ne cherche jamais à connaître l’histoire des cyclistes en dehors de ce qu’ils veulent bien lui dire. “Je ne m’intéresse qu’à leur potentiel, c’est tout”, m’affirme-t-il. Il y a dix-sept ans, pendant le génocide, les coureurs étaient tout juste des enfants. Ils n’ont eu aucune prise sur les crimes qui ont défini leur pays. Et cependant tous, Hutus et Tutsis, en ont gardé des séquelles et connaissent l’histoire de chacun. Ils savent qu’ils se sont trouvés divisés par leur identité dans le passé, et que ces divisions figurent toujours au tableau de la vie rwandaise. Mais ils veulent être connus pour autre chose.

John Fante et les “Dix de Hollywood”:post

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En effet, la plupart des membres des “Dix de Hollywood” étaient à peu près aussi éloignés du commun des mortels et de ses centres d’intérêt que, disons, il était fort peu probable de voir Walt Disney devenir parachutiste. Ils possédaient de vastes demeures à Los Angeles, des domestiques et des gardiens, et un certain nombre exerçait une grande influence dans les studios locaux ; si bien que quiconque se montrait hostile à leur cause subissait souvent de “justes” châtiments – autrement dit : des coups bas.

Le Billisme:post

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Voilà donc, au milieu des années 1950, qu’au moins deux cent mille chômeurs “de naissance” (selon la revendication effrontée d’un chef Bill) constituent la majorité des Kinois. Les plus délurés d’entre eux s’entichent du personnage de Buffalo Bill, figure mythique du grand chasseur.

Les Nuits de Ouagadougou:post

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C’est à la fin du mois de février que tous les deux ans, pendant huit jours, la petite nation enclavée d’Afrique de l’Ouest accueille le festival panafricain du film et de la télévision d’Ouagadougou (connu sous son acronyme français, Fespaco). Davy avait rejoint le quartier général du festival, à la recherche désespérée d’un travail. Il n’avait aucun film en vue et aucun scénario sur son bureau.

Le Figuier et la Guêpe:post

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C’était l’année 1979 et je venais de commencer l’école primaire. Cet été-là, je fus témoin pour la première fois de ce qui plus tard deviendrait connu sous le nom d’iskokotsha, une mode qui, dans l’euphorie d’un Zimbabwe fraîchement indépendant, entraînerait l’épicentre mouvant de la danse populaire à serpenter résolument, et de façon séduisante, vers le haut du corps, des pieds vers les hanches – une pantomime sexuelle aux mouvements outrageusement suggestifs qui passionnerait notre jeune nation pendant toute la décennie à venir.

Croque-Fruits:post

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Dans une zone qui n’a de libre que le nom, lui et son frère Lucien fondent la coopérative du Fruit mordoré, qui sera pendant près de deux ans, au plus sombre de la guerre, une planche de salut et un merveilleux laboratoire social. Les deux frères, refusant l’apathie, répondront aux aléas de la guerre par une solution pragmatique et toute poétique. Raconter l’histoire de la coopérative Croque-Fruits, c’est faire la lumière sur une aventure autant culturelle que politique et sociale, procéder, par travelling, à la traversée du Paris surréaliste des années 1930 jusqu’aux réseaux de Résistance en passant par la Gestapo lyonnaise.

Tyson en banlieue:post

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Il n’a plus ses dents en or ni les attributs détraqués de sa gloire d’antan : les fêtes sans fin, les voitures, les bijoux, le tigre de compagnie, les litres de champagne Cristal. Mike Tyson – qui selon son propre aveu était accroc “à tout” – vit maintenant dans un environnement tout autre, lumineux, qu’il s’est construit de ses propres mains. Loin des autres.

Chronique d’un meurtre annoncé:post

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Rodrigo Rosenberg savait qu’il était sur le point de mourir. Ce n’était pas qu’il se trouvait au seuil de la vieillesse – il n’avait que quarante-huit ans. Ce n’était pas non plus qu’on lui avait trouvé une maladie mortelle : cet inconditionnel du vélo jouissait d’une santé parfaite. En fait, Rosenberg, avocat d’affaires extrêmement respecté au Guatemala, était certain qu’on allait l’assassiner.

Hackerville:post

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À trois heures de Bucarest, en Roumanie, la route nationale 7 entame tranquillement son ascension dans les contreforts des Alpes transsibériennes. Les prairies laissent place à des cahutes bringuebalantes tandis que dans les cours les poules se promènent et les vêtements sèchent suspendus à des cordes à linge. Pourtant, la présence du concessionnaire Mercedes signale très clairement que vous êtes arrivés à Râmnicu Vâlcea.

L’Obsolescence programmée des objets:post

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La vision classique de l’économie reposait sur la croyance en une Nature avare de ses biens et sur l’idée que la race humaine était confrontée en permanence au spectre de la pénurie. L’économiste Malthus tirait la sonnette d’alarme dans un texte de 1798 : la hausse de la population qui, prédisait-il, serait largement supérieure aux gains de la production de denrées comestibles, appauvrirait notre race.

Cependant, la technologie moderne et l’approche scientifique du commerce, cette véritable aventure de l’esprit, ont augmenté la productivité des usines et des champs dans des proportions telles que le problème économique fondamental est devenu celui de l’organisation des achats plutôt que la stimulation de la production.

La Dépression actuelle a foncièrement quelque chose d’une ironie amère : des millions de personnes sont privées de conditions de vie satisfaisantes alors que les surplus encombrent les greniers et les entrepôts du monde entier ; et les prix sont tellement en dessous de leur niveau habituel qu’il ne serait plus attractif, ni rentable, de se remettre à produire.

Manuel de survie:post

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Cette brochure a été conçue à l’intention des services de protection civile, de la police et des pompiers. Les membres de ces services y trouveront les consignes à suivre en cas d’alerte, à l’intérieur comme à l’extérieur de la maison, et qu’ils convient d’indiquer à la population. D’autres conseils seront diffusés ultérieurement en ce qui concerne les comportements à adopter sur le lieu de travail ainsi que dans les écoles, lycées et collèges.

Cary in the Sky With Diamonds:post

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Presque tout le monde fumait cigarette sur cigarette, et un “joint” signifiait une articulation, ou bien une pièce détachée d’une automobile. Si les gens étaient “en manque”, on devinait qu’ils étaient en manque d’inspiration pour écrire les dialogues d’un scénario ou les paroles d’une chanson. Et si le mot “acide” était prononcé, il était en fait question de jus de citron ou de remontées gastriques. Personne à Hollywood, ni même ailleurs aux États-Unis, n’avait entendu parler du LSD – l’acide lysergique diéthylamide. Il faudra attendre 1960 pour que Timothy Leary avale son premier champignon. Il était par conséquent très surprenant dans ce contexte de voir un groupe de plusieurs dizaines de célébrités hollywoodiennes commencer à ingérer des petites pilules azurées, ressemblant à des décorations pour gâteaux, comme un substitut à une psychothérapie.

La Guerre en appartement:post

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“Pas mal, ton petit article, mais pourquoi tu ne cites que les prête-noms, et pas les vrais décideurs ?” Vexé, je cherchais à changer de sujet, mais mon interlocuteur insistait, narquois : “Le sujet est bon, mais franchement, on reste sur sa faim… C’est d’autant plus dommage qu’on voit que tu as bossé !” J’avais publié le matin même dans Intelligence Online, ma lettre d’information sur les zones grises de la géopolitique, un article intitulé “Red Star fait voler l’O.T.A.N. à Kaboul”. J’y expliquais comment, depuis 2002, les bases aériennes de Manas, au Kirghizistan, et de Bagram, en Afghanistan, plates-formes des opérations militaires occidentales dans la région, étaient alimentées en kérosène par deux sociétés totalement inconnues : Red Star et Mina Corp. En huit ans, le Pentagone leur avait versé deux milliards de dollars. Mais, en consultant le registre du commerce de Gibraltar, j’avais découvert qu’elles ne disposaient que d’un capital de deux mille livres, somme dérisoire au regard des montants qu’elles brassaient. Pire encore : alors que toutes les opérations de l’O.T.A.N. dépendaient d’elles – en 2010, pas moins de trois mille cinq cents soldats transitaient chaque jour par la base de Manas –, leur actionnariat demeurait totalement opaque. À la moindre pénurie de carburant – le site consommait 1,8 million de litres par jour ! –, ce ballet aérien s’arrêterait net.

Hommage à Hemingway:post

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Il s’en tint là, en espérant que ses élèves réfléchiraient aux conjectures que nous faisons machinalement sur les gens – et même à la possibilité que ces deux-là aient été des touristes heureusement mariés, et que le mari se fût toujours habillé et eût toujours porté sa barbe comme ça. Il espérait aussi qu’ils réfléchiraient à l’influence de la vie sur l’art, et de l’art sur la vie. Et s’ils avaient posé la question, il aurait répondu que, pour lui, le Hemingway romancier était comme un athlète dopé aux stéroïdes.

Garcia Marquez va chez le dentiste:post

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Le docteur Gazabón ouvrit la porte de sa clinique dentaire de Carthagène des Indes et il découvrit, dans sa salle d’attente, García Márquez aussi seul qu’un cosmonaute. Il était, ce 11 février 1991, 14 h 30 et le patient était arrivé, ponctuel, à son premier rendez-vous. “En sept ans, il n’est jamais arrivé en retard”, me rapporterait, bien plus tard, l’odontologiste. Sur la table, au centre, on trouvait la littérature habituelle d’un cabinet de dentiste : quelques revues pour bâiller d’attente et commencer à s’assoupir sous les effets sédatifs d’une musique de fond. Derrière ses lunettes de lecteur de dentitions, Jaime Gazabón paraissait très éveillé. La bonhomie propre aux gens de la côte en Colombie transpire de tout son être et ses moustaches viennent rivaliser avec son sourire symétrique. García Márquez – me racontait-il en 1999 –, était arrivé au premier rendez-vous en voiture avec chauffeur. Le quartier au nom parfait pour un dentiste : Bocagrande (“Grande bouche”).

À la recherche du silence:post

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Le 29 août 1952, David Tudor monta sur la scène du Maverick Concert Hall, près de Woodstock, dans l’État de New York, s’assit au piano et pendant quatre minutes et demi ne produisit pas un son. Il interprétait “4’33””, une œuvre conceptuelle de John Cage. On l’a baptisée le “morceau silencieux”, mais son objectif est d’inviter les gens à écouter. “Le silence n’existe pas, dit Cage au souvenir de la première. On pouvait entendre le vent souffler au dehors pendant le premier mouvement. Pendant le deuxième, des gouttes de pluie se sont mises à crépiter sur le toit et pendant le troisième, l’auditoire lui-même produisit toutes sortes de bruits intéressants en parlant et en quittant la salle.”

De fait, certains membres de l’auditoire n’avaient que faire de cette expérience, quoiqu’ils aient épargné leurs protestations les plus retentissantes pour la session questions-réponses qui s’ensuivit. On rapporte notamment que l’un d’entre eux lança : “Bonnes gens de Woodstock, boutons ces gens hors de la ville !” La mère de Cage elle-même nourrissait quelques doutes. Lors d’un concert ultérieur, elle demanda au compositeur Earle Brown : “Sérieusement, Earle, vous ne trouvez pas que John est allé trop loin cette fois-ci ?”

Tyrannosaurus Sex:post

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J’étais étendu sur mon lit un vendredi soir, terrassé par l’angoisse, quand j’ai reçu le coup de fil d’un ami m’invitant à une fête.

“Ça te dit ? m’a demandé Max. Y aura plein de meufs et de gnôle.

– Je sais pas. C’est chez qui ?”

J’ai gratté mon menton hérissé d’une barbe de plusieurs jours. Est-ce que ça valait le coup d’aller traîner mon cul là-bas ? Une canette en verre posée en équilibre sur la poitrine, je fixais le plafond, espérant trouver la réponse dans les taches d’humidité. Le vacarme de la ville montait par la grande fenêtre ouverte qui donnait sur un mur de brique.

Splendeur de l’obsession:post

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Il semble plutôt que leur statut tragique de films “disparus” vient du fait qu’ils n’existent que sous une forme tronquée, expurgée, ayant été arrachés des mains de leurs réalisateurs visionnaires par des fonctionnaires de studio qui étaient trop lâches et obsédés par les profits financiers pour accorder à ces cinéastes une certaine marge auteuriste. Comme ils sont tous deux très antérieurs à l’époque de préservation des films considérés comme des œuvres d’art et un héritage précieux – Les Rapaces sont sortis en 1925, La Splendeur des Amberson en 1942 –, ils ont souffert l’indignité supplémentaire de ne pas pouvoir être restaurés ; à cette époque, les studios ne conservaient pas les séquences coupées, en pensant aux futurs director’s cuts des D.V.D., si bien que les copies nitrate tirées et retirées à partir des versions originales étaient – en fonction du film dont on parle, et du récit auquel on croit – brûlées, jetées à la poubelle, balancées dans le Pacifique, ou tout simplement abandonnées dans des caves où elles se décomposaient. Des deux sagas, La Splendeur des Amberson constitue le cas de figure le plus horriblement violent.

Who Put The Bomp ?:post

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Qui a “posé le bomp” ? Barry Mann, bien sûr. Cet ancien étudiant en architecture de Flatbush, Brooklyn, l’a composé, chanté et fait entrer dans les charts en 1961, à vingt-deux ans à peine (sur sa lancée, il allait écrire avec sa femme, Cynthia Weil, une kyrielle de hits au premier rang desquels “You’ve Lost that Lovin’Feeling”, désigné en 1999 comme la chanson la plus programmée du XXe siècle sur les radios et télés américaines). Les paroles de “Who Put the Bomp” sont de Gerry Goffin, un autre natif de Brooklyn, mari de Carole King et compositeur d’une autre kyrielle de hits adolescents dans les années 1960, dont “The Loco-Motion” et “He Hit Me (And it Felt Like a Kiss)”. “Who Put the Bomp” (sans point d’interrogation, pour une raison inconnue) est un témoignage de gratitude, un hymne à la gloire de l’homme qui a fait naître l’amour chez la petite amie du chanteur. L’homme, précisément, qui a “posé le bomp dans le bomp ba bomp ba bomp”, et “le ram dans le ram a lam a ding dong”. De l’avis du chanteur, le cœur de sa petite amie (ainsi sans doute que son bas-ventre) ont été mis en émoi par les syllabes sans queue ni tête des basses, au son des vieux quarante-cinq tours qui accompagnaient deux figures imposées des amours adolescentes : les soirées dansantes, et les brefs instants d’intimité.

Les Fantômes de Lexington:post

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Au cours des deux ans que j’ai eu l’occasion de passer à Cambridge, dans le Massachusetts, j’ai fait la connaissance d’un architecte : bel homme, la cinquantaine, cheveux poivre et sel. Pas très grand, mais avec une belle musculature : il aimait nager, et allait à la piscine tous les jours. Il jouait au tennis aussi, de temps en temps. Disons qu’il s’appelait Casey. Casey, donc, était célibataire et partageait une vieille demeure de Lexington, dans la banlieue de Boston, avec un accordeur de piano taciturne, au teint maladif, du nom de Jeremy, qui devait avoir dans les trente-cinq ans. Jeremy était grand, souple et élancé comme un saule, les cheveux légèrement clairsemés.

La Vie d’un goldfarmer chinois:post

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Il était 23 heures. Le service de nuit avait commencé depuis trois heures. Il restait encore neuf heures à tirer. À son poste de travail, dans un petit bureau éclairé au néon à Nanjing, en Chine, Li Qiwen s’assit torse nu, fumant cigarette sur cigarette et fixant avec concentration le jeu interactif face à lui. L’écran donnait à voir des moines guerriers évoluant sur un terrain montagneux légèrement boisé, clairsemé de ruines de châteaux, et sur lequel des cerfs broutaient. Cliquant avec sa souris sur chaque dépouille l’une après l’autre, ramassant à chaque fois une douzaine de pièces virtuelles – et éventuellement une ou deux armes magiques – qu’il fourrait dans un sac de plus en plus chargé, Li, ou plutôt son personnage de maître-magicien combattant, avait décimé les moines ennemis depuis 20 heures.

Douze heures par nuit, sept nuits par semaine, avec seulement deux ou trois libres par mois, voilà ce que fait Li dans la vie. En cette nuit de l’été 2006, le jeu programmé sur son écran est, comme toujours, World of Warcraft, un jeu de fantasy en ligne dans lequel les joueurs, sous la forme d’avatars – elfes magiciens, guerriers orks et autres personnages tolkiennesques – guerroient dans le royaume mythique d’Azeroth, gagnant des points à chaque monstre tué, et grimpant, au cours de longs mois, du niveau de pouvoir mortel du jeu le plus bas (1) au plus élevé (70).

Faux Paris:post

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Quelle aurait été, par exemple, la vision d’un pilote allemand en 1918 ? Par une nuit de pleine lune, à haute altitude, il aurait sans doute suivi, depuis ses positions au nord de la Picardie, le bandeau des routes ou des lignes de chemin de fer le conduisant vers la capitale française, puis, croyant survoler la zone, il aurait tenté d’identifier la Seine étincelante et sa courbe caractéristique qui scinde la ville en deux. Dans les ténèbres de la terre, il aurait ensuite cherché à repérer ses cibles potentielles (gares, usines, monuments) à partir des taches de lumière signalant la grande ville et ses principaux édifices. Peut-être se serait-il alors laissé prendre au subterfuge de Jacopozzi, et aurait-il largué ses bombes sur les champs du val d’Oise à vingt kilomètres de Paris ? On peut également imaginer que, sur le chemin du retour, il aurait repéré une autre grande ville semblable à la première laissant apparaître le doute dans son esprit. Dans la fraîcheur piquante de l’altitude, il aurait ressenti soudainement le coup de chaud provoqué par son ahurissement. Pouvait-il y avoir deux Paris ? Quelle était cette physionomie urbaine qui, en bas, comme le dessin d’un monstre gigantesque, surgissait du tapis charbonneux de la terre ?

Polygones:post

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Le Kazakhstan est immense : neuvième plus grand pays du monde avec des steppes très peu peuplées. Ce sont les raisons principales, martelées comme des excuses, de l’implantation des polygones dans cette ancienne république soviétique. Au sud de Semipalatinsk, le long du lac Balkhach, la deuxième plus grande étendue d’eau du Kazakhstan, se trouve le polygone de Sary Shagan et son ancienne ville fermée : Priozersk. À l’image d’autres polygones comme celui de Semipalatinsk ou de Baïkonour, le polygone de Sary Shagan s’étend sur des milliers de kilomètres carrés.

Les morts de ma cour:post

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Cette nuit-là, quand ils ont massacré les Juifs, c’était impossible de sortir, sinon on risquait une balle dans la tête, direct. Pépé a dit : “Ils s’en sont pris aux Kułaga. Ils doivent être en train de leur bousiller leurs ruches”, ça faisait un tel boucan. Mais on pouvait pas mettre le nez dehors. C’est seulement le lendemain matin qu’on a su ce qui c’était passé. La foule avait déjà commencé à s’agglutiner, parce que les gens passaient par là pour aller à l’église à Kiełczewice. Quelqu’un a demandé à ma mère qui était devant la maison : “Et vous, vous voulez pas voir les harengs ?” Parce qu’ils étaient alignés comme des harengs dans une boîte. Maman et pépé étaient effondrés. Je suis allée voir. Il y avait des morts par terre. On les avait déshabillés. Pas complètement, non, ils étaient en slip ou en caleçon long. Je ne suis pas restée longtemps, on m’a vite fait rentrer. Après, j’ai entendu dire que des gens étaient venus avec des petites pinces et qu’ils leur avaient retiré leurs dents en or. Il y en avait qui riaient de ces pinces.

Confessions d’un gobeur d’ecstasy:post

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Au lecteur. Par la présente, je vous livre un compte rendu d’un certain genre d’une période remarquable de ma vie. D’après mon propre usage, je crois, tout autant que j’espère, qu’il pourrait s’avérer non seulement intéressant, mais aussi, dans une très large mesure, utile et instructif. C’est dans cet espoir que j’ai pris la peine de l’établir, même si je me sens par avance obligé de m’excuser de rompre l’honorable et délicate réserve qui m’a, jusqu’à une période récente – lorsque certains éditeurs ont pris conscience qu’il existait, pour la commercialisation de telles révélations, un lectorat apparemment sans limite, c’est-à-dire un lectorat prêt à être v(i)olé –, retenu d’exposer au public mes propres erreurs et infirmités.

Torero sans couilles:post

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Mais en ce 13 juin, la vidéo de sa fuite fait le tour du monde via Youtube. Plus de cent mille personnes ont cliqué sur ce film de soixante-dix secondes où l’on voit un jeune torero déguerpir à petits pas sur le sable, contraint par l’étroitesse de son costume, laisser tomber son épée et sa cape rouge de combat avant de se jeter la tête la première derrière le mur de protection salvateur. On voit aussi le taureau resté seul sur le terrain, perplexe ; il ne sait pas que le combat est fini. Des reporters tendent immédiatement leurs micros en direction du torero, et il dit cette phrase qu’il regrettera ensuite : “Me faltaron huevos” (“J’ai pas eu assez de couilles”), “Esto no es lo mio” (“C’est tout simplement pas mon truc”). Puis il retourne sur la piste déserte et se coupe la coleta, la tresse postiche sur la nuque qu’arborent tous les toreros, symbole de leur corps de métier, un geste que le torero n’accomplit normalement qu’à son départ à la retraite. Cristian montre au public la petite touffe de cheveux tressés, la tend un instant vers le ciel comme autrefois sous les acclamations des aficionados il présentait les oreilles coupées du taureau vaincu qui lui avaient été remises en récompense d’un combat particulièrement réussi. Ce jour-là, il se fait huer pour sa lâcheté face au taureau.

Ikea Parano:post

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Les magasins Ikea, à l’instar des chihuahuas et de la coriandre, provoquent des réactions excessives. Certains, comme les membres du groupe Facebook officiel “Ikea, c’est l’ enfer sur Terre”, ne peuvent pas les supporter. D’autres les prennent pour des maisons de poupées à taille humaine et flânent uniquement pour le plaisir au milieu d’un mobilier ravissant. Depuis quelques mois, des quarantenaires célibataires ont fait de l’Ikea de Shanghai un lieu de rencontres ; ils sont tellement nombreux que la direction a dû délimiter un “espace réservé aux rencontres”. “Avant qu’on leur attribue une zone à part, ils monopolisaient les fauteuils de l’espace restaurant et les autres clients n’avaient pas de place”, a déclaré Shen Jinhua, un employé d’Ikea, au Shanghai Daily.
Chaque magasin Ikea est soigneusement conçu pour stimuler certains comportements. “On pourrait décrire les choses ainsi : tout se passe comme si Ikea vous prenait par la main et vous guidait délibérément à travers le magasin afin de vous inciter à acheter le plus possible”, explique Johan Stenebo, qui a travaillé pour Ikea pendant vingt-cinq ans, dans son ouvrage Sanningen om Ikea (La Vérité sur Ikea) paru en 2009.

La Blonde dans la valise:post

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Depuis le début, c’était une sale affaire.

Une femme de vingt-et-un ans aux longues mèches blondes, portant des traces de coups, avait été retrouvée dans un terrain vague, face contre terre, nue, à la périphérie ouest de Miami, là où les rues soignées de la banlieue la plus lointaine jouxtent les hautes herbes et la boue noire des Everglades. Il était tôt en ce petit matin de l’hiver 2005. L’employé d’une entreprise locale d’électricité conduisait à travers les parkings vides bordant un cul-de-sac lorsqu’il vit le corps de la jeune fille.

Et, à sa grande surprise, elle était en vie. Elle était encore inconsciente quand la police l’héliporta à l’hôpital Jackson Memorial. Quand elle se réveilla dans le secteur des traumatisés, elle ne parvenait pas à se rappeler grand-chose de ce qui lui était arrivé. Son corps, lui, racontait une terrible histoire. Elle avait été violée, sauvagement battue, et laissée pour morte. Elle souffrait d’un sérieux traumatisme crânien, ayant encaissé des coups qui avaient secoué son cerveau dans sa boîte crânienne. Du sperme avait été retrouvé dans son vagin. Les os autour de son œil droit étaient brisés. Elle était terrifiée et hagarde. Difficile à comprendre également. Elle parlait anglais en utilisant la syntaxe et la grammaire de son ukrainien natal, oubliant des pronoms, inversant la structure des phrases. Et l’une des premières choses dont elle s’enquit à son réveil fut de parler à son avocat. Pour le moins inhabituel.

Memento Mori:post

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J’avais cinq ans la première fois que ma grand-mère Parashkeva m’a emmené à un enterrement. Elle était maire d’un petit village du nord de la Bulgarie et il lui incombait de prononcer l’éloge funèbre de ses électeurs morts. À l’époque, les prêtres étaient bannis, avec leurs promesses marmonnées d’un monde meilleur (que pouvait-on rêver de mieux que la vie en République populaire de Bulgarie ?), si bien que ma grand-mère était devenue une sorte de prêtresse séculaire, une Périclès au féminin. Elle officiait aux mariages et aux enterrements.