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Palestinien et activiste… musical:post

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Le professeur m’a laissé le choix entre quatre instruments : le violon, l’alto, le violoncelle ou la contrebasse. Je voulais absolument faire du violon parce que, pour être tout à fait franc, c’était le seul instrument que je connaissais alors. Les autres, je ne les avais jamais vus ailleurs qu’à la télévision. Lorsque j’ai été orienté vers l’alto en raison de la longueur de mes doigts, je ne m’en suis pas trouvé plus perturbé que cela. Pour moi, en effet, il s’agissait d’un violon, certes un peu plus grand, mais un violon tout de même.

Sir Quentin Blake, l’illustrateur-frontière:post

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Quentin Blake est devenu un trésor national britannique : cela le gêne un peu mais il s’en accommode vaille que vaille. Considéré comme un génie de l’illustration, il est devenu un pilier de la littérature jeunesse et a été anobli par le prince Charles le 20 février dernier. Un événement qui récompense cet auteur prolifique âgé de quatre-vingts ans.

Quentin Blake possède une maison de campagne en Charente-Maritime. La demeure est coquette avec ses volets bleus, son allée de graviers et le saule pleureur qui jouxte la maison. Les immensités plates des environs le réconfortent, dira-t-il, “loin de ces embêtantes montagnes”. Il y a chez Quentin Blake une amabilité alliée au goût de la blague. Chaussé de baskets, il monte avec allant les escaliers qui mènent à son atelier. Un papier peint fleuri orne une pièce austère ; sur des tréteaux, des planches couvertes de papiers épais, une palette d’aquarelles mouchetée d’éclaboussures, des plumes biseautées éparpillées çà et là.

Marguerite & François:post

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Marguerite Duras : Mais quand on ne te fait pas l’école, quand ce sont des histoires qu’on vous raconte ?

François : Des histoires, alors là c’est pas pareil. Je crois qu’on… qu’on apprend les opérations à l’école, on apprend les dictées, on apprend les dessins, on apprend la pâte à modeler et puis écrire. Et pas faire des taches ! Faut être bon en soin.

L’évangile selon Jerry Lee:post

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Dans ses atours de joueur de seconde zone depuis le temps où le chrome est chrome, Jerry Lee Lewis est assis dans la loge du Palomino Club, tenant mollement le quart d’une bouteille de Seagram à moitié vide sur ses genoux, tel le sceptre terni d’une ancienne royauté déchue.

Il a l’air de mauvaise humeur. Mais pas autant que la nuit passée, quand il a réglé son compte à cet idiot dans le public d’un mot rapide et cinglant, quand il a viré de sa loge ce briscard arrogant d’une maison de disques, quand, au petit matin, il mettait toute personne présente au défi de lever la main sur lui. J’ai tenté d’engager la conversation cette nuit-là, mais il était de trop mauvaise humeur. “Quel temps fera-t-il demain en Chine ?” m’a-t-il demandé. Je lui ai répondu que je n’en savais rien, que ça m’était égal ; et il a émis un grognement de dégoût. “Où veux-tu être enterré ?” m’a-t-il demandé. “Dans l’océan”, ai-je rétorqué. C’était mieux. Il a approuvé d’un signe de tête indulgent. Ça s’est passé comme ça la nuit dernière. À la fin, il ne parlait de rien d’autre que de la Bible. À la toute fin, il ne parlait plus du tout.

Conversation avec Alex Ross:post

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Alex Ross est considéré comme l’une des voix les plus importantes de la critique musicale contemporaine, peut-être même de la critique d’art en général. Pour tous ceux qui écrivent actuellement sur la musique, il constitue une référence. Son premier ouvrage The Rest is Noise, paru aux États-Unis en 2008, et en France en 2010, est sans doute le texte clé sur la musique du XXe siècle. Prenant la forme d’un récit haletant, cette œuvre propose une lecture à la fois pertinente, sensible et puissante du XXe siècle saisi sous le prisme de sa musique. Elle parvient 
à transcender tous les poncifs : elle reste d’une précision historique inégalée, mais évoque aussi brillamment des génies du siècle dernier, et tout cela avec une grande sensibilité littéraire, en un mot : un chef-d’œuvre. Il existe un festival de musique à Londres qui porte son nom, The Rest is Noise festival, dont Alex Ross est le référent. Spécialiste de la musique classique et contemporaine, Alex Ross a également écrit de nombreux essais très élaborés sur les musiques populaires, notamment pour le magazine américain The New Yorker, dont il est le musicologue attitré.