fait divers

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Pink Panthers:post

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À un moment donné, le garde du corps me dit que le nombre réel de Panthers ne dépassait pas soixante personnes, sans indiquer de quelle source il tenait des chiffres aussi précis. “Ils ne se connaissent pas, mais les choses sont organisées à un niveau supérieur”, affirma-t-il. Je remarquai que tout le monde, dans le bar, semblait traiter mon interlocuteur comme quelqu’un d’important. Je lui demandai si Predrag Vujosevic, du braquage Graff à Londres, dirigeait le réseau. Il me répondit que le réseau n’avait pas de leader, tout en ajoutant qu’il y avait bien eu quelqu’un pour monter l’organisation après la guerre. Je m’excusai un instant pour soulager ma vessie, mise à rude épreuve, précisai-je, par tous ces verres ingurgités.

À l’intérieur des toilettes, je griffonnai quelques notes sur un bout de papier. Quand je revins m’asseoir, l’ambiance avait changé. Le rendez-vous avec le boss avait été annulé. Si je souhaitais en savoir plus, m’indiqua le garde du corps, il faudrait que j’aille en Serbie.

Le Diable à 37 000 pieds:post

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Quelles étaient les probabilités pour que cela arrive ? L’accident avait tellement de chances de ne pas se produire, l’enchaînement de circonstances qui y menait pouvait s’interrompre de tant de façons différentes qu’un enquêteur me confia plus tard que le Diable lui-même semblait y avoir joué un rôle.

Chronique d’un meurtre annoncé:post

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Rodrigo Rosenberg savait qu’il était sur le point de mourir. Ce n’était pas qu’il se trouvait au seuil de la vieillesse – il n’avait que quarante-huit ans. Ce n’était pas non plus qu’on lui avait trouvé une maladie mortelle : cet inconditionnel du vélo jouissait d’une santé parfaite. En fait, Rosenberg, avocat d’affaires extrêmement respecté au Guatemala, était certain qu’on allait l’assassiner.

La Blonde dans la valise:post

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Depuis le début, c’était une sale affaire.

Une femme de vingt-et-un ans aux longues mèches blondes, portant des traces de coups, avait été retrouvée dans un terrain vague, face contre terre, nue, à la périphérie ouest de Miami, là où les rues soignées de la banlieue la plus lointaine jouxtent les hautes herbes et la boue noire des Everglades. Il était tôt en ce petit matin de l’hiver 2005. L’employé d’une entreprise locale d’électricité conduisait à travers les parkings vides bordant un cul-de-sac lorsqu’il vit le corps de la jeune fille.

Et, à sa grande surprise, elle était en vie. Elle était encore inconsciente quand la police l’héliporta à l’hôpital Jackson Memorial. Quand elle se réveilla dans le secteur des traumatisés, elle ne parvenait pas à se rappeler grand-chose de ce qui lui était arrivé. Son corps, lui, racontait une terrible histoire. Elle avait été violée, sauvagement battue, et laissée pour morte. Elle souffrait d’un sérieux traumatisme crânien, ayant encaissé des coups qui avaient secoué son cerveau dans sa boîte crânienne. Du sperme avait été retrouvé dans son vagin. Les os autour de son œil droit étaient brisés. Elle était terrifiée et hagarde. Difficile à comprendre également. Elle parlait anglais en utilisant la syntaxe et la grammaire de son ukrainien natal, oubliant des pronoms, inversant la structure des phrases. Et l’une des premières choses dont elle s’enquit à son réveil fut de parler à son avocat. Pour le moins inhabituel.

Le Roman sanglant de Joseph Vacher:post

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Vacher, malgré ces aimables prémices, fut néanmoins nommé caporal. On raconte qu’il faisait respecter la discipline à coups de poing et que même un certain jour, il faillit étrangler l’un de ses subordonnés fautif. Aux yeux de tous, Vacher passait pour un fou mêlant à des idées de persécution un délire vaniteux assez ridicule : il aimait en effet à s’arracher devant témoins les cheveux et les poils des bras pour montrer combien il était insensible à la douleur.

Continuant ainsi sa carrière, menaçant les uns, manquant à plusieurs reprises de tuer ses camarades à coups de rasoir et tombant parfois dans des crises de stupeur d’où il ne sortait que pour crier “comme jamais, dira l’adjudant Griffoult, je n’ai entendu homme crier”. Vacher ne manqua pas de réussir et fut brillamment nommé sergent.

Le Cartel de Sinaloa:post

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C’était gravé dans la tête de tous ceux qui travaillaient pour Carlos “Charlie” Cuevas. Ses convoyeurs, ses guetteurs, ses distributeurs, les types à la planque – tous étaient au courant. La cargaison ne devait jamais être perdue de vue pendant le transport. Cuevas venait juste d’envoyer une équipe de sept hommes au poste frontière de Calexico, en Californie. Ils convoyaient une cargaison de cocaïne, dissimulée dans une Honda Accord bleue de 2003, à l’intérieur d’un compartiment fait sur mesure. La voiture se trouvait toujours côté mexicain, coincée dans une des dix files de véhicules avançant au compte-gouttes vers la douane américaine et le poste de contrôle de la protection des frontières. Des mendiants amputés remontaient la file, des hommes avec des chapeaux à larges bords colportaient babioles, “tamales” et churros.
Un guetteur signalait la progression de la cargaison depuis une voiture placée dans une des files à proximité. Cuevas, jonglant avec les téléphones portables, demandait à être constamment tenu informé. En cas de problème, son patron, à Sinaloa, au Mexique, exigerait des explications.

De sang chaud:post

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Je voudrais dire au lecteur de s’arrêter ici, de ne pas poursuivre. De ne pas regarder ces photos. Je voudrais dire au lecteur de ne pas ramener ce journal chez lui s’il a des enfants, de ne pas le laisser traîner s’il a une fiancée, un compagnon, un mari ou une femme qui n’a pas l’estomac bien accroché ou qui est incapable de supporter certaines images. Je voudrais dire au lecteur de dissimuler les pages, de les garder cachées. Je voudrais dire au lecteur qui risquerait de montrer ce journal à son voisin dans le train, le métro, le bus, de ne pas l’ouvrir. Je voudrais lui conseiller tout cela, mais je ne le fais pas. Au contraire, je sais parfaitement qu’en écrivant ces mots, je l’incite à les regarder, ces photos, peut-être même avec une plus grande attention. Mais je ne peux faire autrement que de l’avertir : elles le dérangeront, et non parce qu’elles montrent l’impact des balles et le martyr des corps. Ce qu’elles racontent ne s’arrête pas là. Ces photos décrivent un monde et ses rouages.

Jeremy & Theresa:post

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C’est à Washington, par une pluvieuse nuit d’octobre, que la famille et les amis de Jeremy Blake se sont réunis lors d’une messe privée à la Corcoran Gallery of Art pour lui rendre un dernier hommage. Blake, artiste de trente-cinq ans reconnu dans le monde entier pour ses “peintures en mouvement” aussi intenses que torturées, figures animées associant l’art abstrait et le film numérique, a mis fin à ses jours dans la nuit du 17 juillet 2007, s’enfonçant dans l’océan Atlantique à Rockaway Beach, dans le Queens.

“Je vais rejoindre la charmante Theresa”, pouvait-on lire au dos d’une carte de visite posée près de ses vêtements, sur la plage. Des hélicoptères de police sondèrent les alentours des jours entiers dans l’espoir de le trouver vivant. Ses proches priaient pour qu’il le soit, avançant que son passeport avait disparu et qu’il avait acheté un billet d’avion pour l’Allemagne. Mais le 22 juillet, un pêcheur aperçut son corps flottant à vingt-cinq kilomètres au large de Sea Girt, dans le New Jersey.

Enquête sur tous les tableaux:post

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Le présent article émane de propos rapportés issus de sources confidentielles et augmentés d’un certain nombre de données publiques. Il s’agit ici de comprendre les mécanismes qui amènent à la confrontation de trois univers bien précis : celui de la circulation des œuvres d’art, celui du brigandage à une échelle internationale et celui de l’exercice de la justice.

La Désertion des animaux du zoo:post

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Au début, Lutz pensa que ce qu’il avait toujours craint s’était réalisé : Thompson avait été mis en pièce par quelques-uns de ses animaux et deux d’entre eux étaient en liberté. Mais la radio de sa voiture de patrouille l’informe alors qu’il y a plus de deux animaux en liberté, et il ne sait plus quoi penser. Lutz donne l’ordre d’alerter immédiatement la population : les riverains doivent rester chez eux ; les personnes qui sont sur la route ne doivent pas sortir de leur véhicule. Peu après, des panneaux de signalisation lumineux commencent à clignoter sur le bord de l’autoroute I-70 : “ATTENTION ANIMAUX EXOTIQUES.”

Qui a tué Gérard Lebovici ?:post

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Paris, 7 mars 1984 – M. Gérard Lebovici, cinquante et un ans, un des plus importants producteurs et distributeurs de films français, a été découvert tué de deux balles de .22 Long Rifle dans la tête, tôt mercredi matin dans un parking public (41, avenue Foch) à Paris 16e, près des Champs Elysées. M. Lebovici avait disparu depuis lundi. Selon ses proches il avait quitté son bureau de la rue Kepler (16e) lundi vers 18 h 55. Auparavant, il avait décommandé, par téléphone, “sur un ton courtois” un rendez-vous auquel il devait se rendre à 19 heures. Selon ses collaborateurs, il a quitté son bureau “très calmement et normalement, en disant à demain, précisant même quelques points du programme”.

Le Roi des Pickpockets:post

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Robbins danse autour de ses victimes, les place en douceur à certains endroits, évolue avec légèreté dans leur espace privé. Lorsqu’elles finissent par comprendre ce qui vient de se passer, Robbins se tient là, immobile, l’air de dire : “Je sais ce que tu ressens.” Les improvisations les plus simples de Robbins ont la dimension onirique d’une rencontre fortuite qui, imperceptiblement, tournerait mal.

Quatre centimètres de gloire:post

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De fines volutes de fumée s’échappaient lentement par la porte ouverte du bâtiment et par une fenêtre au premier, ouverte elle aussi, avant de se dissiper dans l’air. Au-dessus, au second étage, le visage d’un enfant – très jeune et apparemment juché sur la pointe des pieds – était plaqué contre la vitre. Ses traits trahissaient la perplexité, mais pas la peur. L’homme à gauche d’Earl Parish l’aperçut en premier.

“Hé ! cria-t-il en le montrant du doigt, y a un gosse là-haut !”

Les autres levèrent le nez et répétèrent : “Y a un gosse là-haut.”

“On a donné l’alarme ? demanda un quidam qui venait de surgir sur les lieux.

— Oui, répondirent en chœur plusieurs voix, et l’une d’elles d’ajouter : les camions de pompiers devraient arriver d’une minute à l’autre.”

L’homme qui avait repéré l’enfant fit l’éloge de sa propre découverte.

“Il est drôlement bien ce gamin, il pleure pas, ni rien.

— Si ça se trouve, il se rend même pas compte de la situation.

— Les pompiers seront là dans une seconde. Ça servirait à rien d’essayer
d’intervenir. Avec leur échelle et tout le bazar, ils le sortiront de là bien
plus vite que nous.”

La ballade de Johnny France:post

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Vous avez probablement entendu parler de cette affaire, celle d’une jeune femme de Bozeman, dans le Montana, qui fut kidnappée par des Hommes des Montagnes. Elle s’appelait Kari Swenson. C’était une biathlète de niveau international. En juillet dernier, pendant son entraînement, alors qu’elle courait sur un sentier près de la station de Big Sky, deux hommes jaillirent des bois et s’emparèrent d’elle avant de l’enchaîner à un arbre. C’étaient des Hommes des Montagnes, un père et son fils. Et ils étaient à la recherche d’une femme.

Ils n’auraient pas pu tomber plus mal. Non pas que Kari ne soit pas belle, suffisamment forte, ou capable de leur apprendre quelques bonnes manières. Elle avait toutes ces qualités, et bien plus encore : vingt-trois ans, diplômée de la Montana State University, skieuse et tireuse chevronnée, très sympathique la plupart du temps. Bref, on aurait pu dire de Kari Swenson qu’elle était une vraie beauté de Bozeman, la plus jolie fleur du New West. Mais le New West et ces Hommes des Montagnes n’avaient pas grand-chose en commun. Avaient-ils l’intention de la courtiser avec l’écureuil qu’ils cuisinèrent pour elle ?

L’homme qui vous sauve de vous-même:post

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O n n’a jamais vu personne intégrer une secte. Certains rejoignent des associations en faveur des technologies vertes, du droit des animaux ou de la méditation transcendantale. D’autres se mettent à prendre des cours de yoga ou à participer à des ateliers d’entrepreneurs. D’autres encore commencent l’apprentissage d’une religion orientale qui prêche la paix et la tolérance. Selon Margaret Singer, la doyenne du pôle universitaire spécialisé dans l’étude des sectes, la règle numéro un en matière de recrutement, c’est que la personne visée ne doit jamais se douter qu’elle est en train d’être recrutée. La règle numéro deux, c’est que la secte doit monopoliser tout le temps de la recrue. Par conséquent, pour avoir une quelconque chance de secourir un nouveau disciple, il est essentiel d’agir rapidement. Le problème, c’est que la famille et les amis, à l’instar du nouveau membre de la secte, mettent un certain temps à admettre la gravité de la situation. “En général, les clients ne viennent me voir que lorsque leur fille a été fanatisée jusqu’à la moelle”, rapporte David Sullivan, un détective privé de San Francisco qui s’est spécialisé dans les sectes. “À ce stade, ajoute-t-il, le taux de réussite est très faible.”

Madoff en prison:post

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En août 2009, peu après son arrivée à la prison fédérale de Butner en Caroline du Nord, Bernard L. Madoff faisait la queue pour recevoir ses médicaments contre l’hypertension, lorsqu’il entendit un de ses codétenus l’appeler par son nom. Madoff, alors âgé de soixante et onze ans, auteur de la chaîne de Ponzi la plus dévastatrice de l’histoire, était habillé comme tous les autres prisonniers. Il portait l’un de ses trois costumes standardisés couleur kaki avec son nom et son matricule collés sur la poche de sa chemise. L’heure de la promenade (le moment le plus agréable de la journée d’un prisonnier) touchait à sa fin et Madoff, qui aime se ballader le long de l’allée accompagné parfois de l’ancien parrain Carmine Persico ou de l’espion Jonathan Pollard, s’était précipité vers l’infirmerie. Il avait dépassé les cellules d’isolement (“le trou”), était passé par le gymnase et sous la clôture de quatre mètres de haut, et avait pris la direction de Maryland, le bâtiment dans lequel les pédophiles sont relégués après avoir purgé leur peine. Une centaine de prisonniers se tenaient là à attendre une infirmière, certains en plein soleil.

69 jours:post

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La mine de San José se trouve à l’intérieur d’une montagne arrondie, rocheuse et aride du désert d’Atacama, au Chili. Environ une fois tous les douze ans, une tempête balaye le désert et déverse des torrents de pluie. La poussière se transforme alors en une boue aussi épaisse que du ciment frais.

Charles Darwin a brièvement traversé cette partie de l’Atacama en 1835. Dans son journal, il décrit le désert comme “un obstacle bien pire que l’océan le plus déchaîné”.

Au cœur de ce désert, les mineurs sont la seule forme de vie palpable. En bus ou en camion, ils voyagent vers les montagnes où est enfoui de l’or, du cuivre et du fer. Ils viennent de tout le Chili.

Peur sur la ville:post

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Pendant une semaine en mai 2006, la ville de São Paulo a manqué de se transformer en zone de non-droit, au mépris de l’État et de la nation. Présent aux quatre coins du globe, ce type de zones, à la fois sauvages et densément peuplées, font l’objet d’un déni collectif 
et, par conséquent, sont rarement étudiées. Loin de signifier un retour au Moyen Âge, elles témoignent d’une évolution vers une forme inédite – compagnes de la mondialisation et d’un nouvel ordre qui pourrait à l’avenir rendre obsolètes les frontières nationales. Ce phénomène est déjà visible dans les narco-États que sont la Colombie et le Mexique, le long des lignes de fracture territoriale en Afrique, dans certaines régions du Pakistan et de l’Afghanistan ainsi que dans une bonne partie de l’Irak. Mais il se développe aussi souterrainement dans des pays où l’État semble fort et où le gouvernement a la pleine confiance des citoyens. Le Brésil est l’un de ces pays, et São Paulo n’a rien d’une ville instable. En dépit de sa violence et de ses rues défoncées, il s’agit de la plus grande métropole d’Amérique du Sud. Avec ses vingt millions d’habitants, elle officie comme siège financier et capitale administrative de l’État le plus puissant du Brésil.