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John Fante et les “Dix de Hollywood”:post

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En effet, la plupart des membres des “Dix de Hollywood” étaient à peu près aussi éloignés du commun des mortels et de ses centres d’intérêt que, disons, il était fort peu probable de voir Walt Disney devenir parachutiste. Ils possédaient de vastes demeures à Los Angeles, des domestiques et des gardiens, et un certain nombre exerçait une grande influence dans les studios locaux ; si bien que quiconque se montrait hostile à leur cause subissait souvent de “justes” châtiments – autrement dit : des coups bas.

Les Nuits de Ouagadougou:post

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C’est à la fin du mois de février que tous les deux ans, pendant huit jours, la petite nation enclavée d’Afrique de l’Ouest accueille le festival panafricain du film et de la télévision d’Ouagadougou (connu sous son acronyme français, Fespaco). Davy avait rejoint le quartier général du festival, à la recherche désespérée d’un travail. Il n’avait aucun film en vue et aucun scénario sur son bureau.

Croque-Fruits:post

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Dans une zone qui n’a de libre que le nom, lui et son frère Lucien fondent la coopérative du Fruit mordoré, qui sera pendant près de deux ans, au plus sombre de la guerre, une planche de salut et un merveilleux laboratoire social. Les deux frères, refusant l’apathie, répondront aux aléas de la guerre par une solution pragmatique et toute poétique. Raconter l’histoire de la coopérative Croque-Fruits, c’est faire la lumière sur une aventure autant culturelle que politique et sociale, procéder, par travelling, à la traversée du Paris surréaliste des années 1930 jusqu’aux réseaux de Résistance en passant par la Gestapo lyonnaise.

Cary in the Sky With Diamonds:post

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Presque tout le monde fumait cigarette sur cigarette, et un “joint” signifiait une articulation, ou bien une pièce détachée d’une automobile. Si les gens étaient “en manque”, on devinait qu’ils étaient en manque d’inspiration pour écrire les dialogues d’un scénario ou les paroles d’une chanson. Et si le mot “acide” était prononcé, il était en fait question de jus de citron ou de remontées gastriques. Personne à Hollywood, ni même ailleurs aux États-Unis, n’avait entendu parler du LSD – l’acide lysergique diéthylamide. Il faudra attendre 1960 pour que Timothy Leary avale son premier champignon. Il était par conséquent très surprenant dans ce contexte de voir un groupe de plusieurs dizaines de célébrités hollywoodiennes commencer à ingérer des petites pilules azurées, ressemblant à des décorations pour gâteaux, comme un substitut à une psychothérapie.

Splendeur de l’obsession:post

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Il semble plutôt que leur statut tragique de films “disparus” vient du fait qu’ils n’existent que sous une forme tronquée, expurgée, ayant été arrachés des mains de leurs réalisateurs visionnaires par des fonctionnaires de studio qui étaient trop lâches et obsédés par les profits financiers pour accorder à ces cinéastes une certaine marge auteuriste. Comme ils sont tous deux très antérieurs à l’époque de préservation des films considérés comme des œuvres d’art et un héritage précieux – Les Rapaces sont sortis en 1925, La Splendeur des Amberson en 1942 –, ils ont souffert l’indignité supplémentaire de ne pas pouvoir être restaurés ; à cette époque, les studios ne conservaient pas les séquences coupées, en pensant aux futurs director’s cuts des D.V.D., si bien que les copies nitrate tirées et retirées à partir des versions originales étaient – en fonction du film dont on parle, et du récit auquel on croit – brûlées, jetées à la poubelle, balancées dans le Pacifique, ou tout simplement abandonnées dans des caves où elles se décomposaient. Des deux sagas, La Splendeur des Amberson constitue le cas de figure le plus horriblement violent.

Sinatra a un rhume:post

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Dans un coin sombre près du bar, un verre de bourbon dans une main et une cigarette dans l’autre, Frank Sinatra est debout entre deux blondes, jolies mais plus franchement jeunes. Assises, elles attendent qu’il veuille bien dire quelque chose. Mais lui reste silencieux. Il n’a pratiquement pas ouvert la bouche de toute la soirée, et à l’heure qu’il est, le regard perdu au-delà du comptoir dans la pénombre de la grande salle enfumée où des dizaines de jeunes couples se serrent autour de toutes petites tables quand ils ne dansent pas le twist au milieu de la piste au son assourdissant de la musique folk-rock déversée par la chaîne stéréo, il paraît encore plus impénétrable. Les deux blondes et les quatre hommes debout autour de lui dans ce club privé de Beverly Hills savent qu’il est préférable de ne pas forcer la conversation quand il reste ainsi muré dans un silence renfrogné. Et il faut bien dire qu’il en a souvent été ainsi au cours de cette première semaine de novembre, alors que dans un mois il aura cinquante ans.

Qui a tué Gérard Lebovici ?:post

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Paris, 7 mars 1984 – M. Gérard Lebovici, cinquante et un ans, un des plus importants producteurs et distributeurs de films français, a été découvert tué de deux balles de .22 Long Rifle dans la tête, tôt mercredi matin dans un parking public (41, avenue Foch) à Paris 16e, près des Champs Elysées. M. Lebovici avait disparu depuis lundi. Selon ses proches il avait quitté son bureau de la rue Kepler (16e) lundi vers 18 h 55. Auparavant, il avait décommandé, par téléphone, “sur un ton courtois” un rendez-vous auquel il devait se rendre à 19 heures. Selon ses collaborateurs, il a quitté son bureau “très calmement et normalement, en disant à demain, précisant même quelques points du programme”.

Un tournage pris dans l’engrenage:post

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L es rumeurs commencèrent à filtrer hors d’Ukraine vers 2008. Un jeune réalisateur russe retranché dans la banlieue de Kharkov, une ville d’un million quatre cent mille habitants à l’est du pays, préparait… quelque chose. Un film, sans aucun doute, mais pas seulement. À en croire les on-dit, il s’agissait là du projet cinématographique le plus cher, compliqué et accaparant jamais entrepris.

Par flot régulier, d’anciens figurants et des assistants entre-temps licenciés décrivaient le tournage en des termes d’ordinaire réservés aux survivants des camps. Le réalisateur, Ilya Khrzhanovsky, était un fou qui payait les équipes en roubles, les forçait à porter des vêtements de l’époque stalinienne et à manger des conserves soviétiques. D’autres parlaient du projet comme d’une secte où toute personne impliquée travaillait gratuitement. Khrzhanovsky s’était emparé de tout Kharkov, disaient-ils, avait fermé l’aéroport. Non, non, insistaient les autres,
il s’agissait d’une expérience carcérale, filmée subrepticement, peut-être par des caméras cachées. Sur son blog, le critique de cinéma Stanislav Zelvensky écrivit qu’il s’imaginait un campement entouré de “têtes embrochées sur des pics”.

Peter O’Toole sur la terre de ses ancêtres:post

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Tous les enfants de la classe avaient sorti leurs crayons et dessinaient des chevaux, comme la sœur leur avait demandé de le faire – tous, à l’exception d’un petit garçon, qui, ayant terminé, restait les bras croisés à son pupitre.

À sa femme de ménage:post

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Rosalina. Chère.

Votre singulier problème de vue ne cesse de m’offenser. Ayez conscience qu’il y a une vérité et une beauté essentielles en toute chose. Depuis l’agonie d’une gazelle transpercée d’un coup de lance jusqu’au sourire ravagé d’un sans-abri au bord de l’autoroute. Mais cela ne signifie pas que ce qui est invisible n’existe pas. Bien que les bébés, crédules, croient bêtement que la personne en face d’eux disparaît lorsqu’elle couvre ses yeux dans
le jeu détestable qui consiste à faire coucou, c’est une méprise. Et donc, les poussières invisibles qui s’accumulent derrière les étagères de DVD dans la salle de jeux existent aussi. C’est inacceptable.
Je vais vous le dire, Rosalina, non par moquerie ou pour vous menacer mais comme une expression de la joie. La joie du vide, la joie de la réalité. Je veux que vous soyez au plus près du réel dans tout ce que vous faites. Si vous ne le pouvez pas, un semblant de réalité doit alors être maintenu.