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Un certain sens du ridicule:post

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Pour Mason Hoffenberg et Joe Dughi

L’été de 1967, notre si bel été de l’Expo, je prenais un verre avec un vieil ami très cher à l’aéroport de Montréal en attendant mon vol pour Londres, quand l’ami en question m’annonça de but en blanc :

“Tu sais, j’aurai bientôt quarante ans.”

À l’époque, je n’en avais que trente-six et j’en étais fort aise.

“Merde ! ajouta-t-il en frappant son verre sur la table, indigné. C’est complètement ridicule ! Moi, quarante ans ? Mon père a quarante ans !”

Des notes sur les chansons:post

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Un jour, pendant que je vous regardais et vous écoutais chanter, Yasmine, j’ai été pris de l’impulsion de vous dessiner. Une impulsion absurde, parce qu’il faisait trop sombre : je ne voyais pas le carnet à dessins posé sur mes genoux. J’ai griffonné de temps en temps sans regarder, ne vous quittant pas des yeux.

Il y a un rythme dans ces griffonnages – comme si mon crayon accompagnait votre voix. Seulement, un crayon n’est pas un harmonica ou une batterie, et là, dans le silence, mes griffonnages n’ont pratiquement aucun sens.

Vous portiez des chaussures à talon rouges, des leggings noirs, un t-shirt foncé de teinte brune à moitié transparent aux épaules rembourrées ainsi qu’un châle orange, de la couleur des abricots. Vous aviez l’air de ne peser presque rien, un côté sec, léger, comme un éternel vagabond.

Quand vous avez commencé à chanter, tout a changé. Votre corps n’avait plus rien de sec et s’était rempli de sons, tout comme une bouteille peut se remplir de liquide au point de déborder.