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Kitei Son:post

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C’est l’image forte des Jeux de 1936. Et pourtant, elle est absente de notre Panthéon sportif. À Berlin, on s’est focalisé sur Hitler, Jesse Owens, les Juden Verboten et autres inscriptions antisémites remisées à la va-vite pour ne pas effrayer les visiteurs étrangers, c’est important ce nettoyage de la capitale pour les Jeux. Une vision occidentale. On en a oublié Kitei Son, les yeux baissés, sur la plus haute marche du podium du marathon. Il vient de tout gagner. Mais on dirait qu’il a tout perdu. Étrange attitude. Plus étrange encore, son double nom. Très longtemps, le CIO a laissé sur ses tablettes ce Kitei Son aux consonances japonaises. Mais dans les années 1980, le comité Olympique de Séoul a commencé à bombarder Lausanne de courriers pour que l’on rétablisse son véritable patronyme, coréen : Sohn Kee-Chung. En vain, jusqu’en 2011. Mais l’intéressé était mort depuis 2002, à près de quatre-vingt-dix ans. Et sur le palmarès des JO, le pays vainqueur reste encore le Japon, qui avait annexé la Corée en 1910, créant ce monstre répondant au doux nom de fusion nippo-coréenne.

La Discobole et son piano:post

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Son maître, le pianiste Lazare Lévy, l’appelait sa “grande élève”. En juin 1936, il l’avait reçue et avait accepté de la préparer à entrer dans sa classe si réputée du conservatoire de musique de la rue de Madrid.

“Et quelle belle main !” avait-il ajouté, prenant dans la sienne les longs doigts de la jeune fille.

Grande élève, comme on dit un grand homme et comme on ne dit pas : une grande femme.
Micheline Ostermeyer était une grande femme, elle est restée une inconnue. Serait-ce à cause de cette liberté extraordinaire qui fit d’elle une triple médaillée olympique désinvolte, une pianiste concertiste aussi acharnée que discrète, arrivant là où jamais elle n’était attendue, et pourtant tellement sûre de son génie, de son travail, de sa morale et de ses choix.

Luz Long & Jesse Owens, les amis de 36:post

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C’est à craindre : l’Histoire a tendance à bégayer ses tragédies. Le goût de la répétition.
Au moment exact où j’aperçois dans le rétroviseur la rencontre sportive la plus folle de l’histoire des Jeux olympiques, on dirait en effet que tout recommence. En Hongrie, les trompettes de la Renommée soufflent de nouveau pour les écrivains fascistes. On les célèbre ; on les regrette : effrayante répétition. Comme si les lettres bouleversantes adressées par le sauteur en longueur allemand, Luz Long, à son pote Jesse Owens, n’avaient servi à rien. Étrange nettoyage de l’Histoire. Des types, dans des tribunes officielles imaginaires, continuent sans doute de lever le bras devant plus de cent mille spectateurs. On achète de nouveau Mein Kampf dans quelques librairies belges. Soixante-dix ans… On dirait qu’à distance, le bras de fer se poursuit pour les deux gars du bac à sable : Jesse, le Noir, et Luz, le Blanc. Jesse Owens, qui n’avait besoin que d’une vague couverture pour se réchauffer entre deux courses.