Fond de tiroir

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Books versus cigarettes:post

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Cette idée qu’acheter des livres, ou même les lire, est un passe-temps dispendieux, au-dessus des moyens du quidam, est si répandue qu’elle mérite un examen détaillé.

Séisme à Tokyo:post

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Rétrospectivement, la plus grande ironie de l’événement est que la dernière chose à laquelle tout le monde a pensé le 1er septembre est l’argent. Tout au long de ce premier jour, des hommes politiques occidentaux exprimèrent leur sympathie. Tout le monde s’accordait à dire que les tremblements de terre sont une mauvaise chose. Néanmoins, tout le monde ne s’accordait pas sur la ligne de conduite à tenir dans le cas où ils se produisent dans un pays riche comme le Japon. Gorbatchev présenta ses condoléances, l’idée de l’Union soviétique fournissant une aide économique au Japon étant tout simplement trop absurde. Les États-Unis envoyèrent par bateau des provisions d’urgence de riz, le premier riz américain jamais autorisé sur le sol japonais. Comme les ports et les routes n’existaient plus, le riz fut transporté en hélicoptère depuis les bateaux.

John Fante et les “Dix de Hollywood”:post

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En effet, la plupart des membres des “Dix de Hollywood” étaient à peu près aussi éloignés du commun des mortels et de ses centres d’intérêt que, disons, il était fort peu probable de voir Walt Disney devenir parachutiste. Ils possédaient de vastes demeures à Los Angeles, des domestiques et des gardiens, et un certain nombre exerçait une grande influence dans les studios locaux ; si bien que quiconque se montrait hostile à leur cause subissait souvent de “justes” châtiments – autrement dit : des coups bas.

Confessions d’un gobeur d’ecstasy:post

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Au lecteur. Par la présente, je vous livre un compte rendu d’un certain genre d’une période remarquable de ma vie. D’après mon propre usage, je crois, tout autant que j’espère, qu’il pourrait s’avérer non seulement intéressant, mais aussi, dans une très large mesure, utile et instructif. C’est dans cet espoir que j’ai pris la peine de l’établir, même si je me sens par avance obligé de m’excuser de rompre l’honorable et délicate réserve qui m’a, jusqu’à une période récente – lorsque certains éditeurs ont pris conscience qu’il existait, pour la commercialisation de telles révélations, un lectorat apparemment sans limite, c’est-à-dire un lectorat prêt à être v(i)olé –, retenu d’exposer au public mes propres erreurs et infirmités.

Adieu à tout ca:post

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Rétrospectivement, il me semble que cette époque-là, quand je ne connaissais pas encore le nom de tous les ponts, fut plus heureuse que la suivante, mais peut-être comprendrez-vous ce que je veux dire au fur et à mesure. Ce que je veux vous raconter, c’est notamment ce que c’est d’être jeune à New York, comment six mois peuvent devenir huit ans avec la facilité trompeuse d’un fondu enchaîné, car c’est ainsi que m’apparaissent aujourd’hui ces années-là, en une longue séquence de fondus enchaînés sentimentaux et de vieux tours de passe-passe de cinéma – les fontaines du Seagram Building se fondent en flocons de neige, j’entre par une porte à tambour à vingt ans et j’en ressors beaucoup plus vieille et dans une rue différente. Mais surtout, ce que je veux vous expliquer, et au passage m’expliquer à moi-même peut-être, c’est pourquoi je ne vis plus à New York. On dit souvent que New York, c’est une ville réservée aux très riches et aux très pauvres. On dit moins souvent que New York est aussi, du moins pour ceux d’entre nous qui venaient d’ailleurs, une ville réservée aux très jeunes.

Les ‘Tos:post

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Au cours des récits que je fis à mes amis de divers épisodes concernant mes voyages en mer, j’eus parfois l’occasion de mentionner les ‘Tos, ce peuple singulier, soit en tant que connaissances, soit en tant que compagnons d’équipage. Les allusions se faisaient de façon fort naturelle et innocente. Par exemple, je disais “Les deux ‘Tos”, comme l’on dirait “Les deux Hollandais” ou “Les deux Indiens”. En fait, étant moi-même si familier avec les ‘Tos, il me semblait qu’il devait en être de même pour tout le monde. Mais loin de là. Mes auditeurs ouvraient grand les yeux, l’air de dire “Que diable peut bien être un ‘Tos ?” Pour les éclairer, je devais m’interrompre souvent, ce qui n’allait pas sans nuire au bon déroulement de mes récits. C’est pour remédier audit désagrément qu’un ami me fit valoir la pertinence d’écrire quelque compte-rendu sur les ‘Tos et de le faire publier.

Sinatra a un rhume:post

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Dans un coin sombre près du bar, un verre de bourbon dans une main et une cigarette dans l’autre, Frank Sinatra est debout entre deux blondes, jolies mais plus franchement jeunes. Assises, elles attendent qu’il veuille bien dire quelque chose. Mais lui reste silencieux. Il n’a pratiquement pas ouvert la bouche de toute la soirée, et à l’heure qu’il est, le regard perdu au-delà du comptoir dans la pénombre de la grande salle enfumée où des dizaines de jeunes couples se serrent autour de toutes petites tables quand ils ne dansent pas le twist au milieu de la piste au son assourdissant de la musique folk-rock déversée par la chaîne stéréo, il paraît encore plus impénétrable. Les deux blondes et les quatre hommes debout autour de lui dans ce club privé de Beverly Hills savent qu’il est préférable de ne pas forcer la conversation quand il reste ainsi muré dans un silence renfrogné. Et il faut bien dire qu’il en a souvent été ainsi au cours de cette première semaine de novembre, alors que dans un mois il aura cinquante ans.

Le Syndrome de Pontier, ou l’inspiration surveillée:post

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À l’agonie, tout arrive, Paul Cézanne sortait parfois de sa torpeur pour hurler, plein de haine : “Pontier ! Pontier !”