Adieu à tout ca

traducteur
Pierre Demarty
illustrateur
Claude Chanot
Adieu à tout ca

Une jeune femme de Sacramento, âgée d’une vingtaine d’années, pose ses valises à New York, bien décidée à vivre ses rêves. Mais l’élan de l’insouciante jeunesse qui l’habite cède imperceptiblement la place à une nostalgie profonde. La ville perd peu à peu son caractère abstrait et le brouillard s’étend sur les rues aux teintes monochromes. Chroniqueuse d’une Amérique au bord du chaos, Joan Didion fait de l’intimité de son angoisse existentielle une chambre d’écho des fêlures de l’âme déliquescente d’une époque.

Rétrospectivement, il me semble que cette époque-là, quand je ne connaissais pas encore le nom de tous les ponts, fut plus heureuse que la suivante, mais peut-être comprendrez-vous ce que je veux dire au fur et à mesure. Ce que je veux vous raconter, c’est notamment ce que c’est d’être jeune à New York, comment six mois peuvent devenir huit ans avec la facilité trompeuse d’un fondu enchaîné, car c’est ainsi que m’apparaissent aujourd’hui ces années-là, en une longue séquence de fondus enchaînés sentimentaux et de vieux tours de passe-passe de cinéma – les fontaines du Seagram Building se fondent en flocons de neige, j’entre par une porte à tambour à vingt ans et j’en ressors beaucoup plus vieille et dans une rue différente. Mais surtout, ce que je veux vous expliquer, et au passage m’expliquer à moi-même peut-être, c’est pourquoi je ne vis plus à New York. On dit souvent que New York, c’est une ville réservée aux très riches et aux très pauvres. On dit moins souvent que New York est aussi, du moins pour ceux d’entre nous qui venaient d’ailleurs, une ville réservée aux très jeunes.

Goodbye to All That” a été traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Pierre Demarty. Il a paru pour la première fois aux éditions Farrar, Straus & Giroux (Etats-Unis) en 1968 et dans le recueil L’Amérique aux éditions Grasset (France) en 2009. © Editions Grasset & Fasquelle, 2009