Arrêtez de me casser les oreilles

traducteur
Lazare Bitoun
ISBN : 9782364681859
22 EUROS
140 X 210 MM
288 PAGES
06/02/20

« De temps en temps, quelqu’un lâche quelque chose de tellement inattendu que ça en devient magnifique », écrit Joseph Mitchell en préambule de ce recueil au titre teinté d’ironie. Récit choral des bas-fonds de New-York, publié à l’origine en 1938, Arrêtez de me casser les oreilles peint en une série d’articles et de portraits un panorama miniature de la Grande Dépression. On repère dans ces premiers textes – la jeunesse, son enthousiasme, sa gueule de bois et ses imprudences – tout ce qu’il s’est ensuite efforcé de dissimuler. On relève une maturité évidente dans le choix des sujets et un humour désabusé omniprésent, et on décèle d’emblée la marque de fabrique propre aux portraits de Joseph Mitchell – cette empathie pour son prochain, même quand celui-ci est fou à lier, une appréciation anthropologique de ce qui est décalé et raffiné. Des strip-teaseuses du burlesque aux prédicateurs de Harlem, d’un éditeur anarchiste à la tenancière d’un cinéma du Bowery, de la description des antiquités de l’un de ses bars fétiches de Manhattan à l’inventaire des speakeasy de la prohibition, sans oublier des joueurs de baseball en sous-vêtements d’hiver, des prestidigitateurs vaudou, ou une boxeuse qui fut comtesse, toute une galerie de personnages hauts en couleurs.

N’allez pas croire cependant que j’en veuille à tous ces gens qui me rabattent les oreilles du matin au soir. Les seuls que je ne prends aucun plaisir à écouter sont les femmes de la haute société, les capitaines d’industrie, les écrivains célèbres, les ministres de culte, les explorateurs, les acteurs de cinéma ainsi que toutes les actrices de moins de trente-cinq ans. Je pense que pour ce qui est de la conversation, les représentants les plus intéressants de l’espèce humaine sont les anthropologues, les paysans, les prostituées, les psychiatres, et aussi quelques barmen.

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