Desports Nº

9

Des ruines aux tatamis

Le réveil des sportifs kosovars

photographe
Louis Witter

À l’été 2015, la journaliste Laurène Daycard se rend au Kosovo, morceau de terre déchiré par d’interminables conflits, pour y rencontrer la fine fleur du sport national : judokas, lutteurs, nageurs, archers. Autant d’hommes et de femmes victimes de l’embargo diplomatique qu’inflige la communauté internationale à leur pays. Récit d’une nation qui panse ses plaies – ou comment le sport peut devenir une arme politique.

Extrait

Pour ses quatorze ans, Rita Zeqiri a reçu une piscine comme cadeau d’anniversaire. Un bassin long de 25 mètres creusé par son père au fond du jardin, dans une banlieue coquette de Pristina, la capitale kosovare. Le matin, avant de partir à l’école, et le soir, après le goûter, l’adolescente enchaîne les longueurs. Chaque kilomètre accumulé à son compteur la rapproche alors de son rêve : devenir nageuse professionnelle. Année après année, Rita collectionne les médailles jusqu’à camper sans discontinuité le haut du podium aux championnats nationaux. Mais dans ce petit bout de terre balkanique, aussi grand qu’un département français, les hivers se font rigoureux. L’eau du bassin reste glaciale et la volonté de l’athlète s’effrite.