Le troisième continent - Editions du sous-sol

Depuis sa création, la revue Feuilleton fait la part belle à une littérature inventive et hybride qui s’aventure hors des sentiers battus pour explorer, reconfigurer et questionner l’articulation entre réel et fiction. Si un brouillage des frontières est perceptible dans la création romanesque comme dans les sciences sociales, celui-ci ne présage en rien de leur disparition. Pour Ivan Jablonka, un changement de focale s’impose, condition nécessaire à l’émergence d’une nouvelle topographie littéraire.

Extrait

La mappemonde des écritures est occupée par deux continents. En vert, la “littérature”, fécondée par le roman. Ce sont les terres de la Liberté et de l’Imaginaire, jardins suspendus, vergers où tout croît facilement grâce à un principe de fiction-plaisir. Dans ces espaces miraculeux, on sait ce que les gens pensent et on voit ce qui n’existe pas.

En gris, les “utilitaires”, articles de presse, documents, blogs, notices, des étendues de discours et d’informations, des détails à perte de vue. Ce sont les terres arides du Réel et du Vrai, environnées d’un grand lac salé, les sciences sociales, histoire, sociologie, anthropologie, économie, etc. Le paysage est monotone, mais on peut avoir la chance d’apercevoir, en cours de route, l’événement, le social et une pléthore de faits irréfutables.

Laëtitia ou la fin des hommes a paru en août 2016 aux éditions du Seuil.