auteur
Denis Hirson
illustrateur
Vahram Muratyan

On se méfie parfois des mots du quotidien comme on se protègerait d’un coup de griffe. Quel bonheur, alors, de faire l’expérience d’une langue étrangère pour réapprendre le monde et réinventer notre rapport à lui ! “La personne qui parle tous les jours une langue autre que la sienne fait penser à celle qui vouvoie son amant”, nous confie l’écrivain sud-africain Denis Hirson. Cette nouvelle relation, faite à la fois de proximité et de distance, engage à la découverte, provoque la surprise, suscite la rencontre. Et nous invite à la poésie.

Extrait

Passer 24 heures dans la peau d’un Français Je voudrais passer 24 heures dans la peau d’un Français. Pas pour être plus élégant, ni pour apprécier davantage la robe d’un bon vin. Pas plus pour dire que moi aussi je porte enfouis dans mon histoire des rois, des révolutionnaires, des résistants couverts de gloire. Je n’éprouve nul besoin d’avoir Vercingétorix pour héros, ni Jeanne d’Arc, ni Napoléon, ni personne d’autre d’ailleurs, même pas Zidane. Et quand j’entends Pompidou prononcer la phrase “de Gaulle est mort, la France est veuve”, je me sens d’une planète plus lointaine que celle du Petit Prince. Il n’empêche, je voudrais passer 24 heures dans la peau d’un Français.

Nous reproduisons ici des extraits du texte inédit Ma langue au chat, de Denis Hirson. © Denis Hirson.