Desports Nº

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Abdul ou le swing de l’Afghanistan

Abdul ou le swing de l’Afghanistan

L’histoire du golf de Muhammad Afzal Abdul et celle de l’Afghanistan se confondent. À cinquante-quatre ans, le gérant du Kaboul Golf Club a tout connu. Le crépuscule de la royauté, les geôles soviétiques, le joug des Talibans, l’intervention américaine. Une vie d’errance que l’on parcourt comme on se promène aujourd’hui sur le neuf trous aride où Abdul prêche le golf depuis un demi-siècle. Portrait d’un homme qui se refuse à croire que l’herbe ne repousse pas.

Extrait

Kaboul, neuf heures du matin. Ce lundi, il faut encore jouer du klaxon pour se frayer un chemin dans la mêlée des Toyota Corolla blanches qui pullulent dans les rues de la capitale afghane. Ici, aucune règle n’est appliquée, c’est au forceps que le conducteur s’extrait des embouteillages. Un dernier check-point de police, puis la voiture peut filer sur la route de Qargha. Sur le côté, les murs de béton d’une base militaire défilent, interminables. Là-haut dans le ciel, un dirigeable installé par l’armée scrute la vallée de ses caméras. Plus de dix ans après l’intervention américaine, la menace talibane est plus que jamais présente. Mais ce matin, les écrans ne signalent rien d’inhabituel. Les mêmes vendeurs de rue de Kaboul poussent leurs charrettes et hèlent le passant. Cigarettes, pâtisseries, poissons rouges, protections contre le mauvais sort, ici tout se vend.