Who Put The Bomp ?

Who Put The Bomp ?

Qu’ont en commun les supporters du football club de Manchester City et la fréquence des lunes bleues établie par le cycle de Méton, les groupes de r&b affublés de noms d’oiseaux et “awopbopaloobopalopbamboom”, le cri amphigourique du Tutti Frutti de Little Richard ? Tel un archéologue de la pop music, le journaliste anglais Peter Silverton embarque à bord de sa platine à remonter le temps et part à la recherche de l’homme qui a “posé le bomp”. Une quête où le doo-wop des Marcels fait écho aux chants de l’époque shakespearienne et où macaroni rime avec poésie.

Qui a “posé le bomp” ? Barry Mann, bien sûr. Cet ancien étudiant en architecture de Flatbush, Brooklyn, l’a composé, chanté et fait entrer dans les charts en 1961, à vingt-deux ans à peine (sur sa lancée, il allait écrire avec sa femme, Cynthia Weil, une kyrielle de hits au premier rang desquels “You’ve Lost that Lovin’Feeling”, désigné en 1999 comme la chanson la plus programmée du XXe siècle sur les radios et télés américaines). Les paroles de “Who Put the Bomp” sont de Gerry Goffin, un autre natif de Brooklyn, mari de Carole King et compositeur d’une autre kyrielle de hits adolescents dans les années 1960, dont “The Loco-Motion” et “He Hit Me (And it Felt Like a Kiss)”. “Who Put the Bomp” (sans point d’interrogation, pour une raison inconnue) est un témoignage de gratitude, un hymne à la gloire de l’homme qui a fait naître l’amour chez la petite amie du chanteur. L’homme, précisément, qui a “posé le bomp dans le bomp ba bomp ba bomp”, et “le ram dans le ram a lam a ding dong”. De l’avis du chanteur, le cœur de sa petite amie (ainsi sans doute que son bas-ventre) ont été mis en émoi par les syllabes sans queue ni tête des basses, au son des vieux quarante-cinq tours qui accompagnaient deux figures imposées des amours adolescentes : les soirées dansantes, et les brefs instants d’intimité.

Ce texte a paru pour la première fois dans The Observer en 1998. © Peter Silverton, 1998