Vacances de printemps arabe

Vacances de printemps arabe

Traditionnellement, chaque année, la jeunesse estudiantine américaine s’octroie quelques jours de débauche sous le soleil. Le spring break, simple parenthèse avant le retour dans le rang, scelle ainsi le passage à l’âge adulte. En 2011, Chris Jeon, un étudiant de UCLA âgé de vingt et un ans, choisit sur un coup de tête de réaliser le grand écart. Délaissant son projet de stage dans le milieu de la finance, il rallie les rangs des insurgés libyens en guerre contre Kadhafi durant ses vacances d’été. Les plus beaux jours de sa vie.

Chris Jeon atterrit au Caire le 23 août 2011, un mois avant la reprise des cours. Ses parents croyaient qu’il allait faire du tourisme en Égypte. Il apporta un jean, trois chemises, une veste en cuir, une paire de Converse et deux préservatifs. Une fois au Caire, il sauta dans un bus qui le mena jusqu’à Saloum, à la frontière libyenne.

Des rebelles tenaient le poste de garde. Ils jouaient à FIFA sur leur PlayStation lorsque Jeon apparut. Il les salua. Ils jetèrent un œil à son passeport et s’en retournèrent à leur jeu vidéo. “OK, cool”, dit Jeon. Il pénétra à pied sur le territoire libyen, sans plus de formalités.

Arab Spring Break a été traduit de l’anglais (États-Unis) par Louis Armengaud Wurmser. Le texte a paru pour la première fois dans Men’s Journal en septembre 2012.
© Joshua Davis, 2012