Tyrannosaurus Sex

Tyrannosaurus Sex

Embaumer sa peau d’une fragrance bon marché et s’enorgueillir d’une lampée de bière. Emprunter les artères de Los Angeles et se laisser glisser vers la périphérie, en direction des montagnes et du soleil couchant. Retrouver un ami dans une fête et y faire la connaissance de filles aussi souriantes et silencieuses que des anges. C’est vendredi soir, la ville revêt sa robe de feu. Depuis sa prison où il purge une condamnation à perpétuité, l’écrivain Joel Williams métamorphose LA Woman en Tyrannosaurus sex, domptant une langue habitée par le mojo d’un hors-la-loi.

J’étais étendu sur mon lit un vendredi soir, terrassé par l’angoisse, quand j’ai reçu le coup de fil d’un ami m’invitant à une fête.

“Ça te dit ? m’a demandé Max. Y aura plein de meufs et de gnôle.

– Je sais pas. C’est chez qui ?”

J’ai gratté mon menton hérissé d’une barbe de plusieurs jours. Est-ce que ça valait le coup d’aller traîner mon cul là-bas ? Une canette en verre posée en équilibre sur la poitrine, je fixais le plafond, espérant trouver la réponse dans les taches d’humidité. Le vacarme de la ville montait par la grande fenêtre ouverte qui donnait sur un mur de brique.

Tyrannosaurus Sex”, texte à paraître en 2012 chez 13
Note Editions (collection “Pulse”) dans le recueil Du sang dans les plumes. © Joel Williams, 2012