Tour de France 2000

traducteur
Jean-Pierre Aoustin
Tour de France 2000

Dans un recueil d’essais en forme de déclaration d’amour à la France, Quelque chose à déclarer, Julian Barnes s’arrête au sommet du mont Ventoux et compose un tombeau à la mémoire du coureur Tom Simpson. “Absurde calvaire” pour Lance Armstrong, “objet le plus sublime de Provence” selon Wharton, le Mont terrifie autant qu’il émerveille. L’écrivain anglais bien qu’admirateur n’est pas dupe d’un ballet héroïque qu’il soupçonne dopé.

Au début du mois de juillet, alors que les coureurs du premier Tour de France du nouveau millénaire entamaient leur descente sinueuse vers le sud à travers les plaines occidentales du pays, j’ai visité un petit musée consacré au cyclisme dans la station thermale galloise de Llandrindod Wells. Il y a, dans ce monument à l’obsession conservatrice, parmi les vélocipèdes et les engins à roue motrice datant d’avant 1896, les colliers de câbles et les trousses de réparation présentés comme des reliques, une petite vitrine qui contient les restes vestimentaires du coureur cycliste britannique Tom Simpson. Un maillot d’un blanc douteux : col à fermeture éclair, un grand Union Jack, le drapeau du Royaume-Uni, sur chaque épaule, logo du fabricant (Le Coq Sportif) sur le devant, et traces décolorées de colle en travers révélant le retrait d’un nom de sponsor peut-être, ou des galons bariolés remis à l’occasion de quelque victoire passée.