Magic Mahjong Social Pung

Magic Mahjong Social Pung

Le mah-jong vient de loin. Peut-être du fond des âges. On sait que ce jeu est né en Asie, mais le mystère que recouvre son apparition continue de nourrir maints récits. Depuis le siècle dernier, il essaime dans le monde, trouvant par là l’occasion de se réinventer. Certains soirs, dans une petite rue parisienne non loin de la Place de Clichy, des joueurs se réunissent, prêts à succomber à sa magie. Les anime l’envie partagée de goûter la poésie d’un instant, d’une nuit, hors du temps.

Peut-être qu’à cet instant, peut être que là, maintenant, quelque part à Shanghai, dans la vapeur glacée de l’hiver, quatre joueurs, courbés dans un café où coule du saké, entament une partie de mah-jong. Peut-être que l’un, presque chauve, le corps collant de transpiration, au bord de l’extase, les doigts qui tremblotent, est en train de se ruiner, vaincu par un grand chevelu. Il n’arrive pas à s’arrêter, pris dans les tourments du jeu. Peut-être qu’ailleurs, quelque part au milieu d’Aokigahara, une forêt du Japon, quatre autres gaillards jouent depuis des heures, leur souffle toujours régulier. Et la forêt, autour, aussi impeccable et infinie. Peut-être qu’à l’autre bout de tout, à l’autre bout de rien, d’autres, et d’autres encore, s’enlisent dans des parties de mah-jong, juste pour profiter de l’instant, juste pour le défi. Là, Paris s’est plongé dans de beaux draps noirs. Le ciel, soudainement, s’est fait menaçant. Et puis il s’est éteint, le jour s’est fait la malle sous les nuages. La nuit, comme un coup de massue, s’est abattue sur les rues trempées.