Luz Long & Jesse Owens, les amis de 36

Luz Long & Jesse Owens, les amis de 36

Les Jeux olympiques de Berlin en 1936 devaient célébrer le régime nazi et la haine raciale, mais deux sportifs audacieux en décidèrent autrement. L’amitié scellée, sous le nez d’Hitler, entre l’athlète allemand Luz Long et l’Américain Jesse Owens apparut comme un défi lancé à l’avenir. Ils firent de cette épreuve de saut en longueur un exemple pour l’Histoire et, trente-deux ans plus tard, aux Jeux de Mexico, d’autres s’en souviendront : quand l’Histoire résonne, le sport sait souvent lui faire écho.

C’est à craindre : l’Histoire a tendance à bégayer ses tragédies. Le goût de la répétition.
Au moment exact où j’aperçois dans le rétroviseur la rencontre sportive la plus folle de l’histoire des Jeux olympiques, on dirait en effet que tout recommence. En Hongrie, les trompettes de la Renommée soufflent de nouveau pour les écrivains fascistes. On les célèbre ; on les regrette : effrayante répétition. Comme si les lettres bouleversantes adressées par le sauteur en longueur allemand, Luz Long, à son pote Jesse Owens, n’avaient servi à rien. Étrange nettoyage de l’Histoire. Des types, dans des tribunes officielles imaginaires, continuent sans doute de lever le bras devant plus de cent mille spectateurs. On achète de nouveau Mein Kampf dans quelques librairies belges. Soixante-dix ans… On dirait qu’à distance, le bras de fer se poursuit pour les deux gars du bac à sable : Jesse, le Noir, et Luz, le Blanc. Jesse Owens, qui n’avait besoin que d’une vague couverture pour se réchauffer entre deux courses.