La Batte ou le crayon

La Batte ou le crayon

J’avais huit ans. À ce moment de ma vie, rien ne me paraissait plus important que le base-ball.

Mon équipe, c’était les New York Giants, et je suivais avec toute la dévotion d’un vrai croyant les exploits de ces hommes coiffés de noir et orange. Aujourd’hui, quand je repense à cette équipe qui n’existe plus et jouait dans un stade qui n’existe plus, je peux encore aligner les noms de presque tous les joueurs inscrits au rôle. Alvin Dark, Whitey Lockman, Don Mueller, Johnny Antonelli, Monte Irvin, Hoyt Wilhelm. Mais aucun ne me semblait plus grand, plus parfait, plus digne d’adoration que Willie Mays, l’incandescent “Say Hey Kid”.

Ce printemps-là, on m’a emmené à mon premier match de grande ligue. Des amis de mes parents avaient une loge aux Polo Grounds et, un soir de mai, nous sommes allés en groupe voir les Giants jouer contre les Milwaukee Braves. Je ne sais plus qui a gagné, je ne me souviens pas d’un seul détail du jeu, mais je me rappelle qu’après la fin du match mes parents et leurs amis sont restés assis à discuter jusqu’à ce que tous les autres spectateurs soient partis.

Extrait de Le Diable par la queue, suivi de Pourquoi écrire ? © Actes Sud Babel, 1999