Je hurle comme un hooligan au stade, Conversation avec Rudy Ricciotti

illustrateur
Aline Zalko
Je hurle comme un hooligan au stade, Conversation avec Rudy Ricciotti

Le bâtisseur du MuCEM aime à définir l’architecture comme “un sport de combat”, art de la synthèse en lutte permanente avec les éléments et les hommes. Un soir d’octobre, dans son repaire de Cassis, Rudy Ricciotti revient sur cette conception de l’architecture, des souvenirs de minots de Port-Saint-Louis aux infrastructures construites en prises directes avec le politique. Et le stade comme une allégorie : “Celui qui ne voit pas l’humour qu’il y a dans le stade, il lui manque une clé de compréhension du monde.”

Tu étais au solo de José Tomas à Nîmes ?

J’étais dans un petit hôtel particulier à Nîmes, qui s’appelle Le jardin secret. On était au premier étage de la galerie, un truc très dix-neuvième. Complètement pétés, Myriam et moi. Myriam avec sa bouteille de champagne et moi avec un armagnac qui faisait huit centimètres de hauteur, en train de fumer le cigare sur des chaises longues, Myriam du rock dans les écouteurs, moi complètement dans le cirage, et je vois passer Tomas en civil. Je le reconnais. Putain. Et il rentre dans sa chambre, je l’entends farfouiller la serrure, je sais pas quoi, et au bout d’un moment il ressort. Je lui dis : san Tomas ? Il se retourne, il me fait un sourire incroyable. Je lui parle en français, il ne comprend pas. Je lui parle en anglais, il ne comprend pas. Je lui parle en italien, il ne comprend pas. Je ne parle pas espagnol.