Ikea Parano

traducteur
Damien Aubel
illustrateur
Mike Lemanski
Ikea Parano

Fermement attaché à la tradition suédoise dont il célèbrerait l’idyllique quintessence, le modèle Ikea fait florès de par le monde. La vision de la firme, résume un de ses cadres, consiste à “créer une vie meilleure pour les masses”. Ainsi, quiconque entre chez Ikea doit se sentir comme à la maison. Toutefois, à l’instar de la personnalité complexe de son fondateur, l’esprit – chaleureux ? glaçant ? – promu par Ikea sème le trouble. Interpelée, la journaliste américaine Lauren Collins mène l’enquête : de quoi Ikea est-il le nom ?

Les magasins Ikea, à l’instar des chihuahuas et de la coriandre, provoquent des réactions excessives. Certains, comme les membres du groupe Facebook officiel “Ikea, c’est l’ enfer sur Terre”, ne peuvent pas les supporter. D’autres les prennent pour des maisons de poupées à taille humaine et flânent uniquement pour le plaisir au milieu d’un mobilier ravissant. Depuis quelques mois, des quarantenaires célibataires ont fait de l’Ikea de Shanghai un lieu de rencontres ; ils sont tellement nombreux que la direction a dû délimiter un “espace réservé aux rencontres”. “Avant qu’on leur attribue une zone à part, ils monopolisaient les fauteuils de l’espace restaurant et les autres clients n’avaient pas de place”, a déclaré Shen Jinhua, un employé d’Ikea, au Shanghai Daily.
Chaque magasin Ikea est soigneusement conçu pour stimuler certains comportements. “On pourrait décrire les choses ainsi : tout se passe comme si Ikea vous prenait par la main et vous guidait délibérément à travers le magasin afin de vous inciter à acheter le plus possible”, explique Johan Stenebo, qui a travaillé pour Ikea pendant vingt-cinq ans, dans son ouvrage Sanningen om Ikea (La Vérité sur Ikea) paru en 2009.

House Perfect”, traduit de l’anglais (États-Unis) par Damien Aubel, a paru pour la première fois dans le New Yorker, en octobre 2011. © Lauren Collins, 2011