Guantánamo autrement

Guantánamo autrement

Ici, un soleil de plomb invite quelques rapaces à céder le ciel à d’autres voltigeurs invétérés, les drones. Là, des tours d’observation complètent le dispositif de contrôle, prêtes à sonner l’alerte si un intrus trompe la vigilance des mouchards. Voici Guantánamo. Rendue célèbre par une guajira qui fit le tour du monde, la ville jouit désormais d’une notoriété peu enviable. François Missen rend justice à cette terre de contrastes qui, avant de devenir une prison pour Talibans, fut le berceau de la culture cubaine, qu’elle perpétue aujourd’hui.

Costa Rica, Salvador, Jamaïca, Filipinas… Où suis-je ? Suivant les indications affichées sur les vingt-cinq kilomètres d’un bitume parcouru sous un cagnard tropical, je serais donc passé en moins d’une heure d’Amérique centrale en Asie du sud-est, avec escales diverses en mer Caraïbes.

Explication ! Au sortir du hameau El Escribo, l’autopista, parsemée de panneaux annonçant ces destinations lointaines mais trompeuses, mène à Guantánamo. Plus de doute. Un dazibao immense surplombe la route : Guantánamo Nuestro Partido A la Vanguardia En La Batalla De Ideas. On entre dans l’Histoire pour très rapidement plonger dans le fantasme. Le décor laisse présager un territoire tabou. Route déserte, montagnes austères au loin et une intime sensation de pénétrer dans un domaine interdit. Du moins étroitement surveillé. L’intuition se confirme. Sur ce rare ruban de bitume sans ornières, l’excès de vitesse est fermement déconseillé. La limitation du compteur est implicitement imposée par cet écriteau au ton comminatoire : Punto de control. Et cela a peu à voir avec la sécurité routière.

Guantánamo autrement” est un texte inédit. © Feuilleton, 2013