Boum Boum Tchac Bling Bling

illustrateur
Anne Brunet
Boum Boum Tchac Bling Bling

Le “bling” est au hip-hop ce que le galon est au corps militaire, l’expression du grade. Dans le milieu du rap, afficher ostensiblement des bijoux, tout particulièrement lorsqu’ils sont sertis de diamants, est bien plus qu’un simple phénomène de mode, c’est un style de vie. Arborer des accessoires de luxe, des chaînes d’esclaves changées en or, fut longtemps le symbole de la réussite des ghettos. Jusqu’à ce qu’un scandale divulguant l’origine peu reluisante du précieux minerai ne vienne ternir son éclat.

Pas un rappeur en vue. Dans les allées du parc des expositions de Bâle, la population est majoritairement blanche, entre deux âges et aisée. C’est ici que, chaque année, les joailliers et les horlogers viennent présenter leurs dernières créations lors du salon annuel Baselworld. Le 28 mars 2011, c’est le cocktail d’inauguration, et chaque exposant s’efforce d’éclipser tous les autres à coup d’annonces spectaculaires et de débauches de célébrités. Sur le stand du New-Yorkais Jacob & Co, Milla Jovovich parade, les mains, les bras et le cou criblés de pierreries. Derrière l’actrice, le fondateur du groupe Jacob Arabo décrit les bijoux qu’elle porte à la presse et aux invités. Jusqu’en 2006, on croisait plus facilement le diamantaire dans les boîtes hip-hop de la côte est des États-Unis qu’en Suisse : fournisseur attitré des rappeurs, l’homme était surnommé le “roi du Bling” et remercié dans plus de soixante-dix chansons. Mais son ascension fulgurante a été stoppée nette en 2008 par une condamnation à deux ans et demi de prison pour blanchiment. Libre depuis six mois, il fait à Bâle sa première réapparition publique. Son histoire illustre les relations complexes qu’entretient le milieu du rap avec les diamants.

Boum Boum Tchac Bling Bling” est un texte inédit. © Feuilleton, 2013