Desports Nº

6

Une étoile filante

illustrateur
Ruth Gwily
Une étoile filante

“Ce qu’il y a de terrible, avec les disparitions prématurées, les destins brisés, c’est qu’aussitôt le cercueil refermé, la poignée de cendres désagrégées par le vent, presque toujours on se prête au jeu de l’uchronie ”, écrit François-Henri Désérable dans ce tombeau à la mémoire du foudroyant et foudroyé génie du hockey Alexeï Cherepanov. Un cœur trop gros brise le destin d’un jeune homme et reste l’éphémère grâce d’un ballet de buts et de passes sur la glace.

Extrait

Omsk, dans l’oblast du même nom, en Sibérie, est si loin de Moscou que le temps, selon que l’on y aille ou que l’on en vienne, se dilate ou se rétrécit. 2500 kilomètres, trois fuseaux horaires et Dieu sait combien de points de PIB par habitant séparent les deux villes, pourtant l’une et l’autre appartenant au même territoire, celui, immense, gigantesque (les superlatifs ne sont pas de trop quand il s’agit d’un huitième des terres émergées), de la Fédération de Russie.

Omsk, donc. Au milieu de nulle part. Michel Strogoff y est né (ou plutôt Jules Verne l’y a fait naître), Dostoïevski en son bagne y séjourna quatre ans, et un million de personnes, un peu plus d’un million, y vit aujourd’hui sous plusieurs couches de vêtements, en chapkas et manteaux de fourrure quasiment tout au long de l’année – à Omsk, il n’y a que deux saisons : l’hiver, et le mois de juillet.