Feuilleton Nº

1

Un vague sentiment d’illégalité

illustrateur
Riccardo Vecchio
Un vague sentiment d

Sillonner l’Afghanistan pendant plus de dix ans, persévérer à se rendre inlassablement sur les mêmes terrains désertés par la foule médiatique et absents de facto des radars de l’opinion publique mondiale. Anne Nivat confronte deux visions d’une même guerre : celle de l’armée et celle de la population locale.

Extrait

Je sillonne l’Afghanistan depuis près de dix ans, seule, me déplaçant par mes propres moyens – le bus, le taxi commun, à pied – pour “regarder la guerre”. Après ma rude expérience tchétchène lorsque, en 1999-2000, je suis restée neuf mois d’affilée côté civil, infiltrée au cœur de la population, le séisme planétaire provoqué par le 11 septembre m’a incitée à réitérer l’expérience en Irak et en Afghanistan, pays déchirés par les deux guerres les plus marquantes de la première décennie du nouveau siècle.

Bravant interdits et lignes officielles – devenus, au fil des années, de plus en plus restrictifs, et incompatibles avec ma pratique du journalisme indépendant –, il m’avait fallu de la persévérance pour continuer à me rendre inlassablement sur les mêmes terrains désertés par la foule médiatique et absents de facto des radars de l’ opinion publique mondiale.