Desports Nº

4

Un terrain dans un salon

Un terrain dans un salon

Tandis que les joueurs suisses iront au Brésil portés par une nouvelle génération issue de cette immigration pourtant si décriée au-delà des Alpes, Bernard Comment se souvient depuis le salon de coiffure de son enfance des grandes heures de la Nati.

Sur les coupures de presse, sous les néons fatigués, défilent les figures glorieuses du passé et le ballon rond, une madeleine ?

Extrait

C’était un petit salon de coiffure pour hommes, sans fenêtre, dans l’arrière-salle du grand salon pour dames doté d’une large vitrine, la rue était en pente, l’entrée se faisait par un couloir séparé, et sous la lumière blafarde et légèrement vibrante des néons fatigués, apparaissaient les photos en noir et blanc des idoles, tous ces joueurs qui avaient formé l’ossature de l’équipe nationale de Suisse lors de la Coupe du monde de 1954, accueillie par le pays, à Lausanne, Berne ou Zurich. Je les regardais près de vingt ans après, mais ils irradiaient encore de tout leur prestige, celui d’une équipe spectaculaire, pratiquant un beau jeu, rivalisant avec les meilleurs, avec un meneur qui jouait au FC Bâle à l’époque et qui allait ensuite finir sa carrière dans le club de ma petite ville natale, Porrentruy, les rouge et noir (car issus de la fusion entre le club catholique des Noirs et le club radical des Rouges).