auteur
Louise Erdrich
traducteur
Sylvie Schneiter
Un domaine

Une femme s’apprête à pénétrer dans l’au-delà. Le processus de transition qui en permet l’accès n’est cependant pas indolore, d’autant plus que le voyage entrepris par la défunte n’a rien d’innocent. En quête d’une réparation, elle part à la recherche de son père dans ce vaste monde où le corps n’est plus et où seul l’esprit est capable de nourrir l’expérience. Si bien que souvenirs, obsessions et émotions deviennent la matière même d’un espace où s’écrivent le sens et la destinée de l’existence de chacun.

Extrait

L’Asphodèle

Désormais, sept corporations régissent l’au-delà et nombre de personnes économisent leur vie durant pour être téléchargées vers celui qu’on considère comme l’être de premier ordre. D’autres, dont je suis, estiment qu’il leur faudra décrocher une bourse et accumuler les expériences. J’en ai fait une de trop. Peu après ma chute, j’ai postulé pour l’Asphodèle. Bien entendu, je savais que ce domaine spécifique ou “fournisseur d’au-delà” était administré par l’entité la plus ancienne du secteur. L’Asphodèle avait la réputation d’être le terrain le plus sûr et le plus complet. C’était le premier choix des artistes, poètes, universitaires, voire des hommes ou femmes politiques et des vedettes de cinéma. Les professeurs – j’en étais un avant mon accident – le retenaient systématiquement pour peu qu’ils en aient les moyens.

Domain a été traduit de l’anglais (États-Unis)
par Sylvie Schneiter. Le texte a paru pour
la première fois dans Granta. © Louise Erdrich, used by permission of The Wylie Agency (UK) Limited. © Feuilleton, 2015, pour la traduction
française.