Feuilleton Nº

18

Trouver l’individu

Entretien avec Jane Kramer

traducteur
Ina Kang
illustrateur
Aline Zalko

Dans le livre qu’elle consacre, dès les années 1960, au poète beat Allen Ginsberg, comme dans ses reportages en Europe en tant que correspondante du New Yorker, Jane Kramer
a mis en lumière tout au long de sa carrière le courant imperceptible de l’Histoire qui coule sous les remous de l’actualité. Rétive à la gabegie communicationnelle, elle privilégie la démarche inductive où tout n’est que question de distance, de mesure, de nuances… Renouvelant le journalisme littéraire, l’écrivain perpétue de la sorte la tradition du roman de moeurs anglo-saxon. Ainsi en est-il de son Dernier Cow-boy, reportage au long cours drôle et poignant, sur un résistant à la modernité et sur les valeurs moribondes du Far West (à paraître aux éditions du sous-sol en 2017). Leçon de subtilité et de New New Journalism au micro de Robert S. Boynton, auteur de
l’essai du même nom.

Extrait

Robert S. Boynton – Quels types de sujets vous attirent ?

Jane kramer – Les chocs culturels et les implosions. Nous vivons une époque aussi compliquée, sur le plan culturel, que l’Empire romain : les vagues de migration, les déplacements de main-d’oeuvre, tout cela a contribué à rassembler des personnes venues du monde entier dans les grandes villes occidentales. Ici, nous venons tous d’autre part, nous avons tous des origines métissées : chacun de nous transporte un monde multiethnique de réalités contradictoires et conflictuelles. Voilà ce qu’est pour moi l’histoire post-moderne. Et j’aime tenter de démêler l’écheveau de cette histoire global

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ina Kang. Cet entretien est extrait de The New New Journalism: Conversations with America’s Best Nonfiction Writers on their Craft de Robert S. Boynton, paru en 2005 chez Vintage Books Original. Des coupes ont été réalisées pour la présente édition.
© Robert S. Boynton, 2005.