Feuilleton Nº

16

Trois feux

Gueuleton

auteur
Erri De Luca
traducteur
Danièle Valin
illustrateur
Alain Pilon

À Naples et dans la poésie napolitaine, il n’est pas rare que l’amour de la cuisine vienne se substituer à celui d’une femme. Et l’aubergine, cette irremplaçable protagoniste de la table italienne, peut alors servir d’ingrédient pour celui qui aime à se rappeler les temps révolus et autres amours perdues. Pour Erri De Luca, la préparation de la parmesane d’aubergines s’apparente à un geste de fidélité envers un héritage qu’il y a tout lieu de chérir. Reste à respecter quelques règles avant de s’en remettre au vent…

Extrait

Écrivain est un titre pour piédestal et dans mon cas je retouche volontiers la formule : c’est quelqu’un qui écrit des histoires. Écrivain sonne péremptoire à mes oreilles, un omnipotent susceptible d’écrire toutes les histoires et non pas seulement celles extraites de son propre gisement. Ainsi, tout comme j’évite le titre d’écrivain, je ne suis pas non plus un cuisinier, mais quelqu’un capable de se préparer quelques plats. Mon préféré est la parmesane d’aubergines. Une coïncidence de lieux me fait rapprocher ces deux exercices, j’écris souvent à la cuisine, durant les heures de feux éteints. Des histoires, des pages s’en imprègnent.

Tre Fuochi a été traduit de l’italien par Danièle Valin. Le texte a paru pour la première fois en 2012, chez Dante & Descartes, Naples. © Erri De Luca, 2012.