photographe
Adam Reynolds
Saute-Chameau

Sur les bords de la mer Rouge, dans la plaine de la Tihama au Yémen, malgré la chaleur écrasante, on pratique un sport périlleux qui n’existe nulle part ailleurs : le saut de chameau. C’est l’apanage de la tribu des Zaraniqs, fière d’assumer ainsi sa singularité. Ces anciens guerriers malmenés par les Yéménites renouent, grâce à ce sport, avec leur gloire passée. Samuel Forey a assisté à une rencontre amicale entre les deux principales villes de la plaine.

Extrait

À l’abri du “mafraj”

C’est l’heure la plus chaude d’une des régions les plus chaudes au monde. La Tihama yéménite est une vaste plaine côtière qui s’étend le long de la mer Rouge. Le soleil tombe droit sur les épaules, tout suffoque. Le moindre effort couvre la peau de sueur. L’humidité donne l’impression de vivre dans un bain turc. Ce n’est pas seulement la chaleur. C’est la pesanteur. Dans la Tihama, on doit peser plus lourd que partout ailleurs sur Terre.

Mais je suis peut-être dans le mafraj le plus agréable de la Tihama. C’est la pièce où l’on reçoit les invités au Yémen et comme dans tous les mafraj, pas de tables ni de chaises mais des matelas et deux sortes de coussins : les durs, pour s’accouder, les mous, pour s’affaler. Au premier étage d’une grange de Husseiniya, un petit air chaud danse, encouragé par un lourd ventilateur. Dehors, un générateur fait le bruit d’un moteur de B-17 – il doit dater de la même époque que la Forteresse volante. Il pompe l’eau des nappes phréatiques pour faire boire les vergers autour de la grange.