Feuilleton Nº

18

La non-fiction aujourd’hui : une alternative

traducteur
Anne Plantagenet
illustrateur
Aline Zalko

D’aucuns ont tendance à considérer la non-fiction comme un genre littéraire stéréotypé, obéissant à un ensemble de règles prescriptives. Or, pour María Sonia Cristoff, il n’en
est rien. À l’occasion de la réédition de son récit de voyage Faux Calme – qui dévoile la vie fantomatique de plusieurs villages dans une Patagonie reculée – l’écrivain revient dans un prologue sur ses engagements littéraires : selon elle, la non-fiction est davantage à appréhender comme un laboratoire aux confins de la fiction et du documentaire, où la littérature trouve matière à se réinventer. Éthique journalistique et politique de l’écriture.

Extrait

J’ouvre le carnet dans lequel, depuis une dizaine d’années, depuis la première publication de ce livre, je note des idées, des hypothèses, des analogies, des questions, des addendas, des réflexions, des références bibliographiques, des citations possibles et improbables, et je relis ces notes comme on s’arrête, à un moment donné, pour examiner à nouveau une carte. Je m’aperçois que certaines ont été soulignées deux fois comme si, à l’instant où je les écrivais, j’avais trouvé la clé d’une énigme ; d’autres sont suivies d’un signe complice ou d’imprécations, de points de suspension entre parenthèses, quelques-unes enfin de triples points d’interrogation ou d’exclamation qui, je crois le deviner à présent, remplissent des fonctions parfaitement interchangeables. Parmi toutes ces observations, je garde seulement pour ce prologue – au sens où je m’en tiens à – celles qui, me semble-t-il, peuvent dire quelque chose sur l’état de la narrative nonfiction au début du xxie siècle en Argentine.

“La no ficción hoy: una alternativa” a été traduit de l’espagnol (Argentine) par Anne Plantagenet. Ce texte figure en préface au récit de voyage Faux Calme, à paraître aux éditions du sous-sol en 2018.
© Éditions du Seuil sous la marque Éditions du sous-sol, pour la traduction française.