Desports Nº

6

Les fans de Boston font leurs adieux au gamin

traducteur
Ina Kang
Les fans de Boston font leurs adieux au gamin

Ted Williams, le “Gamin”, comme le surnommaient les médias, est au base-ball ce qu’Ali est à la boxe, un mythe, inclassable, mystérieux, un puits de fiction, source intarissable pour les écrivains les plus fameux. John Updike est de ceux-là : en Homère des temps modernes, il conte la légende à l’heure où les fans de Boston font leurs adieux au “cogneur” du Fenway Park.

Extrait

Fenway Park, à Boston, est un petit stade de base-ball d’une beauté lyrique. Tout y est peint en vert et ressort de façon curieusement nette, comme si l’on regardait à l’intérieur d’un œuf de Pâques ancien. Il a été construit en 1912, rénové en 1934, et comme la plupart des structures bostoniennes, offre un compromis entre les déterminations euclidiennes de l’Homme et les séduisantes irrégularités de la Nature. Le champ droit est l’un des plus profonds de la Ligue américaine, tandis que le gauche est le plus court ; le haut mur du champ gauche, à quatre-vingt-seize mètres du marbre en suivant la ligne de champ, semble se jeter de toute sa surface sur les frappeurs droitiers. L’après-midi du mercredi 28 septembre, alors que je prenais place derrière la troisième base, un agent en uniforme chargé de l’entretien du terrain, en haut de ce mur, ramassait des balles de home runs frappées à l’entraînement, comme un cueilleur de champignons au bord d’une falaise dans un poème de Wordsworth.

Hub Fans Bid Kid Adieu a été traduit de l’anglais (États-Unis) par Ina Kang. © John Updike, 1965, used by permission of The Wylie Agency (UK) Limited