Feuilleton Nº

8

Le Grand Tour

ou l’Europe à mille cinq cent yuans par jour

traducteur
Anatole Pons
illustrateur
Marrel

Evan Osnos, correspondant du New Yorker à Pékin, embarque pour un voyage organisé en Europe, en compagnie de ressortissants chinois. Au programme de ces dix jours de circuit en autocar, la visite menée tambours battants de cinq pays du Vieux Monde. “Le Grand Tour” offre un aperçu fascinant du mode de vie européen à travers le regard de touristes chinois. Relayant les observations de ses compagnons de route, le journaliste révèle, en miroir, le changement qui s’opère aujourd’hui dans leur propre pays-continent.

Extrait

Nous n’aurons pas l’occasion de voir le Luxembourg à la lumière du jour. Nous quittons le Best Western à l’aube, pour nous retrouver rapidement sur l’Autobahn. Li nous demande de nous assurer de n’avoir rien oublié : certains de ses précédents voyageurs avaient l’habitude de cacher de l’argent dans la chasse d’eau des toilettes ou dans les conduits d’aération. “Le pire cas que j’aie eu à gérer, affirme-t-il, c’était un client qui avait cousu de l’argent dans l’ourlet des rideaux.” Nous prenons la direction de notre première étape, la modeste ville de Trier, en Allemagne. Si ce nom n’évoque pas grand-chose à la plupart des visiteurs se rendant pour la première fois en Europe, Trier est devenue étrangement populaire chez les touristes chinois depuis quelques dizaines d’années, lorsque des délégations du Parti communiste ont commencé à y affluer pour voir le lieu de naissance de Karl Marx. Mon guide touristique chinois, écrit par un diplomate à la retraite, indique que l’endroit a été surnommé “La Mecque des Chinois”.

The Grand Tour a été traduit de l’anglais (États-Unis) par Anatole Pons. Le texte a paru pour la première fois dans le New Yorker en avril 2011. © Evan Osnos, 2011