Le Gardien maudit

Le 16 juillet 1950, dans la soucoupe du Maracanã, deux cent dix mille spectateurs attendent le sacre du Brésil. Rien ne semble pouvoir enrayer la merveilleuse mécanique de la Seleção, si ce n’est cette incursion uruguayenne, ce centre, ce gardien trop avancé et ce but qui éteint la joie annoncée. Drame, le jour maudit devient l’affaire du Maracanaço et il n’y a qu’un coupable, le gardien, Moacir Barbosa Nascimento. L’histoire d’un long chemin de croix : “Au Brésil, la peine majeure pour un crime est de trente ans de prison. Moi, il y a quarante-trois ans que je paye pour un crime que je n’ai pas commis.”

Extrait

Moacir Barbosa Nascimento bondit de joie. Il est 16 h 02 ce 16 juillet 1950 à Rio de Janeiro quand le gardien de l’équipe du Brésil lève les bras au ciel, son coéquipier Friaça vient d’ouvrir la marque contre l’Uruguay, au Maracanã, en finale de la Coupe du monde. Le stade, une cité radieuse de deux cent dix mille spectateurs, chavire, Rio et le Brésil exultent, la prophétie se réalise : la Seleção va remporter sa première Coupe du monde, sur ses terres, c’est une certitude désormais, le Brésil sera champion, et d’ici une quarantaine de minutes, son capitaine Augusto brandira le trophée Jules Rimet puis Barbosa, son excellent portier, l’imitera, suivi de tous leurs coéquipiers.