Feuilleton Nº

2

Le Figuier et la Guêpe

traducteur
Pedro Jiménez Morras
illustrateur
Yvetta Fedorova
Le Figuier et la Guêpe

Au sortir de la guerre, le Zimbabwe connait dans les années 1980 une vague d’effervescence sans pareil. Dans les cafés clandestins et les bars en plein air des quartiers populaires des grandes villes, une jeunesse insouciante cherche à rattraper le temps perdu, dilapidant son menu salaire en se brûlant les ailes au rythme de l’iskokotsha. Cette danse pantomime, détournée de son origine guerrière, est devenue l’invitation suggestive à s’envoyer en l’air. Mais, derrière l’étrange langage des danseurs, plane l’ombre silencieuse de la mort.

Extrait

C’était l’année 1979 et je venais de commencer l’école primaire. Cet été-là, je fus témoin pour la première fois de ce qui plus tard deviendrait connu sous le nom d’iskokotsha, une mode qui, dans l’euphorie d’un Zimbabwe fraîchement indépendant, entraînerait l’épicentre mouvant de la danse populaire à serpenter résolument, et de façon séduisante, vers le haut du corps, des pieds vers les hanches – une pantomime sexuelle aux mouvements outrageusement suggestifs qui passionnerait notre jeune nation pendant toute la décennie à venir.

Ce texte a paru pour la première fois dans Granta, au printemps 2010.