Desports Nº

2

La Discobole et son piano

illustrateur
Marrel
La Discobole et son piano

Si le jeu est multiple et varié, connaît-on cependant beaucoup de pianistes qui soient dans le même temps athlète professionnel ? La chose est encore plus singulière si ce dernier est une femme. Ce fut le cas de Micheline Ostermeyer, lanceuse de poids, de disque, athlète concourant à l’épreuve du saut en hauteur, et pianiste émérite. Née en 1922, à une époque où les femmes avaient encore tout à prouver, elle sut mêler à la joie de maîtriser une partition musicale celle de pulvériser des records.

Extrait

Son maître, le pianiste Lazare Lévy, l’appelait sa “grande élève”. En juin 1936, il l’avait reçue et avait accepté de la préparer à entrer dans sa classe si réputée du conservatoire de musique de la rue de Madrid.

“Et quelle belle main !” avait-il ajouté, prenant dans la sienne les longs doigts de la jeune fille.

Grande élève, comme on dit un grand homme et comme on ne dit pas : une grande femme.
Micheline Ostermeyer était une grande femme, elle est restée une inconnue. Serait-ce à cause de cette liberté extraordinaire qui fit d’elle une triple médaillée olympique désinvolte, une pianiste concertiste aussi acharnée que discrète, arrivant là où jamais elle n’était attendue, et pourtant tellement sûre de son génie, de son travail, de sa morale et de ses choix.