L'Entretien Nº

2

Jonas Mekas

L’homme caméra

Jonas Mekas

Père du cinéma underground, Jonas Mekas a toujours considéré que le fait de filmer était naturel, une sorte d’évidence. Sans doute est-ce une continuation de sa poésie, hélas encore aujourd’hui méconnue. Il a dû, très jeune, se constituer un réservoir d’images et de sensations pour résister à ses différents exils. Quand il travaillait dans les champs en Lituanie, il composait déjà des poèmes. Il s’est engagé dans la résistance, a dû fuir son pays, a réussi à échapper à l’armée soviétique et a passé plusieurs années dans des camps de réfugiés après la Libération. Là, il a continué à écrire des poèmes.

Extrait

Pouvez-vous nous dire votre nom en français ?

J M : Jonas Mekas. Originairement, c’était Jonas Merkas, mais on m’appelle Jonas Mekas.

Donc vous avez changé de nom ?

J M : Cette transformation s’est passée pendant mes années d’exil, années pendant lesquelles je vivais dans différents pays, et à ce momentlà certaines lettres comme le Y, le J, qui sont prononcées différemment dans mon pays,  en Lituanie, ont changé de sonorités dans les autres langues. Je n’ai rien pu y faire, ils m’ont appelé non pas « Yonas », mais « Jonas », « John », quand je suis arrivé à New York. Et je les ai laissés faire car ça ne servait à rien de protester – donc je l’ai accepté.

© Taylor Hill