Desports Nº

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J’étais en mission, Conversation avec Yannick Noah

J’étais en mission, Conversation avec Yannick Noah

Héros du roman national un dimanche de juin 1983, Yannick Noah doit sa découverte à un Américain, Arthur Ashe. À Yaoundé en 1971, le gamin croise la route de son héros et, dès lors, leur relation transcende le simple cadre du tamis. Dernier joueur à avoir remporté un tournoi du Grand Chelem avec une raquette en bois, trente ans et aucune victoire française plus tard, il convoque ses précieux souvenirs : du hasard objectif d’une rencontre en terre africaine à la frontière infranchissable entre gagnants et perdants.

Extrait

Quand nous nous sommes entretenus avec William Klein, nous lui avons montré des captures d’écran du documentaire The French dans lesquelles Arthur Ashe vous regarde jouer. Les voici (Yannick Noah les observe). Dans le regard d’Ashe, il y a un côté paternel, mais dans le bon sens du terme. Un côté bienveillant, sûr de vos performances. Et il dit : “Il va assurer.”

Si tu vois ça dans un film, tu te dis : c’est un peu too much. L’histoire parle d’un môme au Cameroun. À l’époque, je crois qu’il y a neuf courts dans tout le pays. Donc les probabilités pour que je joue au tennis, c’est juste zéro. Je me retrouve à jouer au tennis… bon. Les gosses n’ont pas accès aux courts donc on joue contre un mur. On n’a pas de raquettes, on s’en fabrique avec des planches en bois, des espèces d’énormes raquettes de ping-pong. Et sur la mienne, j’ai marqué au stylo “Arthur Ashe”. Et voilà, un jour, des professionnels américains arrivent au club à Yaoundé… complètement improbable. C’est improbable que ces mecs, en 1971, débarquent au tennis club de Yaoundé (Rires).