Feuilleton Nº

5

Jeremy & Theresa

Jeremy & Theresa

Très en vue dans le milieu arty new-yorkais, Theresa Duncan et Jeremy Blake formaient un couple inséparable dont l’image glamour, mêlant attitude punk et bohème beat, captivait bien au-delà du monde de l’art. En juillet 2007, le suicide des deux amants défraie la chronique. Le couple a-t-il été la victime d’une crise de paranoïa aiguë amplifiée par la machine à rêve hollywoodienne ou a-t-il succombé à un complot orchestré par l’Eglise de scientologie ? Le mystère qui plane sur les raisons de sa disparition contribue à l’écriture de sa légende.

Extrait

C’est à Washington, par une pluvieuse nuit d’octobre, que la famille et les amis de Jeremy Blake se sont réunis lors d’une messe privée à la Corcoran Gallery of Art pour lui rendre un dernier hommage. Blake, artiste de trente-cinq ans reconnu dans le monde entier pour ses “peintures en mouvement” aussi intenses que torturées, figures animées associant l’art abstrait et le film numérique, a mis fin à ses jours dans la nuit du 17 juillet 2007, s’enfonçant dans l’océan Atlantique à Rockaway Beach, dans le Queens.

“Je vais rejoindre la charmante Theresa”, pouvait-on lire au dos d’une carte de visite posée près de ses vêtements, sur la plage. Des hélicoptères de police sondèrent les alentours des jours entiers dans l’espoir de le trouver vivant. Ses proches priaient pour qu’il le soit, avançant que son passeport avait disparu et qu’il avait acheté un billet d’avion pour l’Allemagne. Mais le 22 juillet, un pêcheur aperçut son corps flottant à vingt-cinq kilomètres au large de Sea Girt, dans le New Jersey.

The Golden Suicides” a été traduit de l’anglais (États-Unis) par Diane Chavelet. Il a paru pour la première fois dans Vanity Fair en janvier 2008. © Nancy Jo Sales, 2008