L'Entretien Nº

2

Jean-Pierre Rosenczveig

La cause des enfants

Jean-Pierre Rosenczveig

Pourquoi la sollicitude, la protection, l’émerveillement que notre société devrait ressentir vis-à-vis de l’enfant est-elle en train de s’émousser, de diminuer considérablement, voire de disparaître de ce que nous nommons l’histoire des mentalités ? Pourquoi acceptons- nous de ne pas connaître le nom ni le nombre des enfants « migrants » sur notre territoire ? Pourquoi, après la légitime émotion provoquée par la photographie d’Aylan Kurdi sur une plage, retombons-nous dans notre indifférence sans vouloir ni pouvoir savoir combien d’enfants meurent chaque mois en Méditerranée ?

Extrait

Qu’est-ce qu’un enfant aujourd’hui ?

J-P R : On relève plusieurs définitions de l’enfance. Quitte à aborder un problème, il faut en identifier correctement les termes. Pour Tintin, on est enfant entre sept et soixantedix- sept ans ; pour le commun des mortels en Occident, l’enfant a entre huit et dix ans. Pour le juriste français, conforté par la Convention des Nations unies sur les droits de l’enfant du 20 novembre 1989, l’enfant est la personne de moins de dix-huit ans. Depuis 1974, les majorités civile, civique et pénale sont réunies à dix-huit ans. Ainsi, si l’on est toute sa vie l’enfant de ses parents, pour notre droit, à dix-huit ans, on est un adulte ; avant, un enfant. Trop souvent on parle des « enfants et des adolescents », et beaucoup d’adolescents vivent mal d’être qualifiés d’enfants. Non, les adolescents sont des enfants !

© Julien de Gasquet