Feuilleton Nº

20

Le Graffiti de la Guerre

auteur
Mark Mackinnon
Le graffiti de la guerre

Dans les pages de ce nouveau numéro, Feuilleton dédie une place et un format particulier au reportage exceptionnel de Mark MacKinnon : “Le Graffiti de la guerre”.

“Le battement d’ailes d’un papillon au Brésil provoque-t-il une tornade au Texas ?” s’interrogeait Lorenz, en 1972, pour expliquer le comportement imprévisible des systèmes dits chaotiques. Aussi, comment augurer qu’une rébellion d’adolescents syriens et qu’un graffiti apposé sur le mur d’une école provoqueraient une guerre sanglante dont les répercussions n’en finissent plus de secouer le monde depuis 2011 ? Un journaliste est parti sur les traces de ces gamins dont certains n’ont pas survécu aux bouleversements qu’ils ont déclenché. Voici leur histoire.

Extrait

À l’origine de tout, avant le soulèvement, et la guerre civile, et l’exode des réfugiés, et la terreur, et la haine qui en ont découlé, il y a un gosse de quatorze ans qui se tient devant le mur de son école, dans le sud de la Syrie, en gloussant, une bombe de peinture noire à la main.

Naief Abazid n’a absolument pas conscience de l’importance du moment, ni d’être le point de départ d’une révolution et de tous les événements qui ont suivi. Il se contente de faire ce que les grands lui ont soufflé, pour les faire rire. Juste en dessous de la fenêtre du bureau du directeur de l’école pour garçons d’Al-Banin, dans sa ville natale de Deraa, il peint : “C’est toi le prochain, Docteur Bachar el-Assad”. Nous sommes le 16 février 2011.