Desports Nº

10

La famille Menthéour : une EPOpée

auteur
Pierre Carrey
TOUR DE FRANCE 1984

Dans la famille Menthéour, je demande Paul Mickaël, le fils, Pierre-Henri, le père, et Erwann, l’oncle. Sur deux générations de cyclistes et trente ans de course, le trio complice a perpétué des codes et des habitudes d’un autre temps. Des pratiques borderline, des surenchères incontrôlées, mais aussi un incontestable amour de leur sport, une dévotion pour le cyclisme qui, à leurs yeux, valent absolution.

Extrait

Paul Mikaël s’est dopé. Comme son père dans les années 1980. Comme son oncle dans les années 1990. Il dit : “Je voulais être un Menthéour.” Alors, il s’est dopé. Le poison et le scandale coulent dans les veines des Menthéour depuis trois générations. Ce n’est pas juste de résumer cette famille ainsi, mais c’est ce que l’on raconte d’eux en premier, tout en leur concédant une vertu inhabituelle chez des tricheurs : le courage. Paul Mikaël connaissait, craignait et combattait le dopage de ses ancêtres. Il a fini par y céder, à dix-huit ans. Le destin ? Il le rejette : “C’est la peur qui a créé ces croyances. J’aime penser que je suis l’unique maître de ma vie, ça me rassure.” Pourtant, l’histoire des Menthéour a tout d’une tragédie implacable, qui se déroulerait dans la Bretagne des pêcheurs et des pirates, des christs de pierre et des légendes profanes, des barriques de vin et des courses de vélo.