Desports Nº

8

Car toute vie est un processus de démolition

Dans l’Amérique rurale des
années cinquante, loin des idoles urbaines de la boxe mondaine, la caméra de John
Huston déconstruit, sans fausse sueur, les codes pugilistiques des films de boxe classiques. Loin des héros brisés qui trouvent leur rédemption dans des combats moralisés, Fat City montre l’envers du ring, là où les corps précaires se marchandent. Méditation sportive sur les rapports de domination économique.
 Help Me Make It Through The Night.

Extrait

Nous, spectateurs de cinéma, aimons qu’on nous mente (le plus possible, mais avec méthode). Nous travaillons mieux après, nous acceptons plus de choses. Le film sportif (de boxe en particulier) offre souvent la quintessence des mensonges possibles existants, leur acmé.
Un malheureux (pauvre forcément, avec les variantes alcoolique/drogué quand le film appartient au genre “sordide roman- tique”, mais beau quand même, ce mal- heureux, et diablement musclé sous son T-shirt sale) vit sa vie de pauvre bougre avec application et bonne volonté. Un évé- nement extérieur le convainc de reprendre (ou de commencer) la boxe (ce pourrait être le tir à l’arc, le lancer de poids, les flé- chettes, mais le boxeur reste l’idéal type de l’homme seul face à son destin et à ses démons, capable de s’en sortir à la seule force de ses poings).