L'Entretien Nº

5

Antonio Tabucchi

Écrire avec les choses dont on ne se souvient pas

Né à Pise en 1943, mort à Lisbonne en 2012, Antonio Tabucchi a publié une vingtaine de livres, surtout des romans et des récits, mais aussi des essais, notamment sur Pessoa, qu’il a traduit. Il est aujourd’hui considéré comme l’un des écrivains italiens majeurs de la seconde moitié du XXe et du début du XXIsiècle. Ses livres sont traduits un peu partout dans le monde. Certains ont été adaptés au théâtre et au cinéma (Nocturne indien par Alain Corneau, Le Fil de l’horizon par Fernando Lopes, Pereira prétend par Roberto Faenza, Requiem par Alain Tanner). Tous sont liés à une découverte qui a donné à l’œuvre de Tabucchi sa tonalité et ses thèmes : « le fait de m’être un jour aperçu, à cause des imprévisibles événements qui régissent notre vie, que quelque chose qui était ainsi était pourtant autrement ».

Nous avons souvent interrogé Antonio Tabucchi à la radio et à la télévision en gardant à l’esprit son avertissement : « La littérature ne donne pas de réponses. » On lira ici une sélection de nos entretiens. Et un inédit sur le temps réalisé en 2008 par Bernard Comment.

Extrait

Entretien Antnio Tabucchi (Du jour au lendemain, 16 septembre 2004)

 

« Tu sais, tout compte fait, la vie est davantage faite de ce dont on ne se souvient pas que de ce dont on se souvient. » Une vingtaine de livres traduits aujourd’hui un peu partout dans le monde, Antonio Tabucchi, si j’en oubliais, quels sont ceux qui vous feraient le plus de peine ?

A.T      Bon, on pense qu’on est toujours, disons, plus lié au dernier livre mais ça c’est Tristano meurt, en effet, c’est mon dernier livre en termes d’édition mais c’est un livre qui m’a accompagné pendant longtemps. J’avais commencé à écrire il y a dix ans, presque douze ans et donc voilà, c’est une petite valise que j’ai trainée, qui m’a accompagnée. Donc c’est un compagnon de voyage.

Crédit photo : © Ulf Andersen/ Hulton Archive / Getty Images