Desports Nº

8

Âge d’or et tête de mort

Paul Newman prend son dernier virage en 2008. C’était le dernier tour de piste d’une génération de pilotes qui incarnèrent le glamour automobile, ce cocktail addictif et séduisant de fatalité et de vitesse, d’élégance virile et de danger. Steve McQueen, Peter Revson ou François Cevert étaient les “sourires de la vitesse”, des hommes puissamment cinématographiques et charnels qui charmèrent une jeunesse pompidolienne en manque de sensation.

Extrait

Lime Rock Park, mercredi 13 août 2008. Il faisait beau ce jour-là sur le Connecticut. À l’heure du déjeuner, les quelque trente ou quarante employés du circuit n’ont pour une fois pas quitté leur poste de travail. Un sandwich, une bière à la main, ils n’ont d’yeux que pour la Corvette GT1 rouge et bleu qui enfile les grandes courbes rapides et vallonnées du circuit à allure réduite. Nul n’applaudit ni ne commente et lorsque le pilote s’extrait avec difficulté de son engin, c’est à peine s’ils osent le regarder, partagés entre gêne et recueillement.