AML.230849-012-G - Editions du sous-sol

Des communautés de chercheurs – transhumanistes, antispécistes et autres lobbyistes de l’agro-alimentaire – caressent le rêve de pouvoir procéder, dans un futur proche, à l’élevage de véritables machines bestiales privées de leur faculté de souffrir. Cette utopie, que le génie génétique s’apprête à réaliser, pose toutefois de multiples questions d’ordre éthique. Et si derrière la prétendue sollicitude envers les animaux, c’étaient les mangeurs de viande qu’il s’agissait de préserver ?

Imaginons une vache, quatre pattes, un corps et une tête, les pis – “Une vache laitière ?” demande Arianna Ferrari de l’ITAS (Institut d’évaluation des répercussions technologiques et d’analyse systémique) au KIT (Institut technologique de Karlsruhe), sur sa table une pomme plus très fraîche.

Cent quarante kilos de lait par jour, quatre traites automatiques !

Mme Ferrari, docteur en philosophie, bottes en similicuir montant à mi-mollet, prend une petite gorgée de thé vert et dit : “La logique de l’exploitation.”

La vache que nous imaginons n’a ni nom ni pedigree, seulement un numéro, .230849-012-G, elle est dehors devant la porte, campus nord, bâtiment 0451, muette et soumise : une bête de type AML.

AML.230849-012-G a été traduit de l’allemand par Céline Maurice. Le texte a paru pour la première fois dans Reportagen en juin 2012. © Ervin Koch, Reportagen, 2012

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