À tombeau ouvert

À tombeau ouvert

“On invente avec un stylo, on se juge à la machine.” Cette phrase de Jean Echenoz, Adrian Newey, directeur technique de l’écurie de Formule 1 Red Bull, aurait pu la faire sienne. La technologie est le véritable pivot de ce sport dont les évolutions techniques filent à une vitesse proportionnelle à celle, meurtrière, affichée par les compteurs. La vraie course n’est-elle pas celle qui se livre en coulisse ? Le champion n’est-il pas l’ingénieur ? Portrait de l’homme derrière la machine.

Deux mains gauches

Par une fraîche nuit de décembre, quelques jours avant Noël, une puissante berline traverse la banlieue boisée de Graz, en Autriche. Aux commandes, Adrian Newey, directeur technique de l’écurie de Formule 1 Red Bull Racing. Avec Christian Horner, son directeur général, il vient rendre visite à Helmut Marko, ami et conseiller du propriétaire de l’équipe Dieter Mateschitz (“l’œil de Moscou”, dirait-on si cet ancien pilote n’avait perdu un œil au Grand prix de France 1972). Alors que leur hôte les attend au bout d’une allée bordée d’arbres, Newey improvise une glissade… et percute l’un des troncs, déchirant une aile. Aucun blessé, juste un peu de tôle froissée, et – surtout – pas un mot de reproche de la part de l’Autrichien d’ordinaire intransigeant.